Deux figures incontournables de l’électro se rappellent déjà à notre bon souvenir avec des galettes aussi bonnes que celles de Pont-Aven!


Les live sont un genre assez particulier, auquel beaucoup n’accrochent pas. Les applaudissements, les cris, les conditions du direct, enfin bref : toute une ambiance qui rappelle peut-être à ceux qui en étaient de bons souvenirs, mais n’est pas toujours du meilleur effet pour les autres. Le genre électro, contrairement à ce que d’aucuns pourraient penser, se prête par contre très bien à l’exercice, et on ne s’étonne à vraiment apprécier la chose que si on n’y a jamais assisté. En effet, il n’y a peut-être pas grand chose à voir sur scène, mais la fièvre dans le public y est unique (rappelez-vous des concerts de Fisherspooner). Les artistes eux-mêmes ne parlent-ils pas de transe ?

Ce sont deux albums assez similaires et répondant à cet exercice précis auxquels nous allons nous intéresser. Le hasard a voulu que ceux de Miss Kittin & Röyksopp sortent tous les deux en même temps – premier trimestre 2006 -, dans le même genre – l’électro -, avec le même Labels, et, last but not least, qu’ils procurent le même plaisir. Que demande le peuple ?

La liste des ressemblances ne s’arrête pas là, et on pourrait presque jouer au jeu des sept erreurs. Troisième album pour les deux artistes, et ce sous forme de live,… enfin, les deux, puisque le DJing fait partie de leur métier premier, font des clins d’oeil, autant à leur passé qu’à d’autres artistes.

– Miss Kittin démarre son show, enregistré au festival Sonar de Barcelone et sorti sur le label tout frais tout neuf Sonar Music, par une plage atmosphérique de Tom Hecker. Pour une prestation qui frise les 70 minutes, on aura droit à plusieurs extraits de ses deux premiers albums (dont le premier avec The Hacker), et le plus souvent sous forme remixée. On ne s’étonnera dès lors pas de retrouver dans sa set-list son protecteur-producteur, Felix Da Housecat, à côté de références incontournables comme les excellents The Orb ou Aphex Twin (le formidable « Window licker »).

On retiendra, s’il ne fallait en retenir que quelques-unes parmi ses 18 plages de pur bonheur, « Masterplan » , le torturé « Turn deaf » de Modeselektor, « 1982 » et son clin d’oeil à « Just can’t get enough » des DM, et surtout « The difference it makes (superpitcher remix) » de The MFA. Petit aparté, le petit incident technique en plein set ne dérange pas le moins du monde : il apporte même quelque chose, l’indéfinissable charme de la grenobloise sexy. Dans le livret, Caroline Hervé (alias miss Kittin) explique son manifesto of truth: « It was one of the biggest moments of my career, a consecration, and we were recording…I never pushed the live DJ-Singing so deep ». Elle y explique aussi les nombreux problèmes et obstacles rencontrés (entre autres, deux titres ont dû être supprimés par la suite pour des problèmes de droits).

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– Le deuxième disque ne souffrirait pas accolé à ce Live in Sonar. Il concerne le duo nordique Röyksopp, dont le dernier album avait pourtant laissé sur leur faim pas mal de leurs suiveurs. Night out pourrait bien tous les ramener au bercail. Il dure presque 40 minutes, d’où son sous-titre live ep, car il est vrai qu’en électro ça fait court. On démarre les hostilités avec « What else is there ? » , qui n’est autre que la plage featuring Karin Dreijer, la chanteuse des magnifiques The Knife. C’est pourtant ici une autre voix (Anneli Drecker) qui la remplace, dans ce concert enregistré à Oslo (at home donc). Cela cloche un moment, mais juste a lapse of it.

La plupart des titres émanent du deuxième album, et prennent ici un nouvel envol, si ce n’est une nouvelle vie. On pense notamment à « Only this moment » ou « Go away ». En gros, le côté planant de leurs titres est surligné, mais également humanisé : le fait que ce ne soit pas produit à outrance (mis à part le très Daft Punkien « Remind me ») les ramène dans l’arène des artistes à part entière, où la technique n’a pas le dernier mot. La surprise vient en fait d’ailleurs : la reprise de « Go with the flow » des Queens of the Stone Age – en électro donc – est une réussite à tous égards. En fait, ce n’est pas si étonnant que ça car leurs titres bénéficient aussi en concert d’un éclairage plus rock.

Vous l’aurez compris : on prend littéralement son pied avec ses deux galettes. Every one on the dance floor now !