Ne soyez pas timide ! Rentrez ! Il fait froid dehors, et nous avons Howe Gelb qui chante, au coin de la cheminée, accompagné d’une chorale.


Howe Gelb fait partie de ces gens à qui la porte demeure toujours ouverte, quoi qu’il advienne. Ses chansons susurrées, ses mélodies en dilettante, ses concerts où on a l’impression que comme à un ami, il joue ses salves sonores qui font chaud au coeur. Il ne change décidément pas, et c’est tant mieux. Que ce soit en solo, avec OP8 (un seul disque, snif) ou avec son groupe Giant Sand, voire même avec les pétillants The Band of Blacky Ranchette, la même sympathie optimiste et/ou nostalgique égraine ses oeuvres. Et puis rappelons que pas plus tard que l’année dernière, Howe Gelb avait également sorti un excellent opus sous le patronyme d’Arizona Amp and Alternator, enregistré avec Grandaddy, M. Ward, Scout Niblett… C’était un peu le Howe Gelb Big Band. Force est de reconnaître que le bonhomme a toujours su s’entourer. Probablement que la sagesse se rapproche d’un Howe Gelb, dans ce monde de rock qui sent si souvent le souffre.

Lors de l’entretien qu’il nous avait accordé à l’occasion du dernier Giant Sand, Is all over the map, l’année dernière , il nous avait déjà vendu la mèche : « Et puis j’ai reçu un coup de fil quelques temps après, c’était le batteur d’Arcade Fire, (Jérémy Gara, également manager d’Arcade Fire) il était en ville avec le groupe. Je lui ai demandé dans quel groupe il jouait, et lorsque j’ai réalisé, je me suis dit : « ah ok ! ». Lui et moi allons enregistrer ensemble mon prochain album, il y aura aussi un choeur gospel dessus qui vient du Canada. » En effet, le bougre ne nous avait pas menti, puisque Jeremy Gara figure bel et bien derrière les fûts et c’est bel et bien une authentique chorale gospel, les Voices of Praise, qui vient pousser la chansonnette. Pour finir avec le pays de l’érable, on peut lire derrière le disque : Finally, this record really is all made in Canada. On appréciera. Modestement, Howe Gelb dit que dans ce projet il voulait voir l’effet que ça faisait de mélanger son fumier à la beauté que donne les vertiges d’une chorale. Le nom, ‘Sno Angel, c’est la beauté enneigée de l’Ottawa qui le lui a soufflée. Flashback : c’est lors d’une tournée dans ce même état, deux années auparavant, à l’Ottawa Bluesfast, qu’est venue l’idée de ce projet, devant les performances d’un certain Jim Bryson, entrecoupées par des choeurs gospel. Absolument subjugué par la prestation, Howe Gelb décide de mouvoir terre et ciel pour pouvoir travailler avec eux. Une seule exigence de sa part : pas de bullshit religieux!

Le résultat se trouve sur ce disque : 7 nouvelles chansons, 3 titres de Giant Sand et trois autres – dont « Worried spirit » – de Rainer Ptacek (ancien membre, mort en 97, à qui toute la clique Giant Sandesque avait rendu hommage avec un disque très appréciable, The Inner Flame: Rainer Ptacek Tribute). Mis a part la chorale, ce sont des voisins de scène de Jim Bryson, ainsi que son ingénieur du son (Dave Draves) et la chanteuse folk Susan Odle qui composeront la troupe autour de ‘Snow Angel, nouveau surnom qu’a voulu se donner l’Howe. Sans oublier Jeremy Gara cité plus haut. Rien que l’écoute de « Bit i did not » ou de « Nail in the sky » lui donne raison sur toute la ligne : quelle riche idée cette chorale!

Ceux qui aiment Howe Gelb ne seront en tout cas pas déçus : la patte du cinquantenaire (welcome in the midlife crisis) est toujours là, bien présente. Le fait que des voix viennent caresser son jeu de piano, de guitare ou sa voix chaude n’enlèvent rien à cette magie feu de cheminée intimiste (« Neon filler ») à laquelle on s’est attachée. Et puis on ne chicanera pas devant le fait que certains titres, nous les avons déjà chantonnés, comme le « Chore of enlightment ». On se dit même qu’un petit « Hisser » n’aurait pas été de refus. Le petit intermède instrumental à la guitare « The voice within » rappelle, ne serait-ce qu’une minute, que le blues est toujours là, dans le coeur du chanteur, à côté des choeurs gospel (« Howlin’ a gale »). Voilà un terme qui va comme un gant à ce disque délicat : c’est bien Le blues d’Howe Gelb! Hallelluyah!

– Le site de Thrill Jockey