Retour en bruit pour les Écossais, amis de Damon Albarn et de Steve Albini…


Mogwai est sans conteste un des groupes le plus importants dans le monde du post-rock.
Leurs deux premiers albums (Young Team et Come On Die Young) ainsi que leurs compilations de singles et EPs (Ten Rapid, EP+6) leur ont conféré une réputation de terroristes sonores aux concerts – littéralement – extraordinaires, comme documenté sur la compilation live Government Commissions.

Les écossais se sont ensuite assagis avec Rock Action, au format plus « chanson » et Happy Songs For Happy People, dont le titre n’était finalement pas ironique. Si l’on exclut l’exceptionnel single de 21 minutes My Father My King, on pouvait avoir l’impression que le Mogwai classique, celui des éruptions de guitares, et des explosions de batteries n’était plus. Et c’est donc contre toute attente que Mr Beast voit Mogwai renouer avec ses racines, ou du moins partiellement.

L’album commence calmement, avec un superbe crescendo de piano marqué par une batterie sonnant comme un rythme militaire, avant que « Glasgow Mega-Snake », sans prévenir, attaque l’auditeur comme seul Mogwai sait le faire. On ne saurait trouver meilleure pub pour leurs pédales de distorsion. La suite de l’album alterne avec succès entre bruit et calme, mais toujours de manière très contrôlée. Mogwai a même été jusqu’à sortir un single, mais « Friend Of The Night » est très loin d’être commercial, malgré sa douce ligne de piano.

Preuve que Mogwai refocalise son énergie sur l’instrumentation, seuls quelques morceaux sont chantés, dont le très joli (contre toute attente) “I Chose Horses”, chanté par Tetsuya Fukagawa, du groupe hardcore japonais Envy.

Cette chanson sépare deux terribles morceaux de bravoure : « Folk Death 95 », dont la structure très tendue menace d’exploser à chaque instant, ce qui se produit après 2 minutes 40, et « We’re No Here », qui épitomise l’essence même de Mogwai, cristallisant une violence structurée inouïe.

Mr Beast est un très bon album, qui prouve que Mogwai est toujours capable du meilleur. On regrettera juste la retenue et le contrôle. En effet, il manque parfois un peu de folie, d’improvisation sauvage. Mais ce petit défaut sera sans nul doute comblé sur scène, terrain de jeu préféré de ces extraterrestres écossais.

– le site de Mogwai