Les parrains du genre trip-hop proposent de se coller au rétro, histoire de voir leur apport… historique. Les nouveaux titres et autres raretés ne sont pas à jeter non plus.


Je vais encore me faire taper sur les doigts par les collègues. Massive Attack sur le site des autres musiques ? Pourquoi pas Patrick Bruel tant qu’on y est ? Mais ce n’est pas impossible, ouverts d’esprit comme nous le sommes…

Oui, c’est vrai que Massive Attack recueille assez de couverture médiatique pour ne pas avoir besoin de notre maigre contribution. Oui mais voilà : le propre d’un site indépendant comme le nôtre est de ne pas prendre ce genre de considérations en compte et de ne s’intéresser qu’à la musique stricto sensu. Et quand la musique est bonne comme chantait l’autre, ben – je vais me faire jeter… Lapider ? Comme vous l’aurez sans doute déjà remarqué, il n’y a pas de règle ici : mi casa es su casa ! Alors, quand un disque est bon, et qu’on a envie de le dire, on le dit, c’est comme ça. Qui plus est, ce n’est pas parce que Massive Attack vend – et a vendu – ses disques par millions qu’il mérite notre mépris. Non, là n’est pas la question. Mais avouons que nous n’avons pas pour habitude de couvrir, sauf en de rares exceptions, les best of.

Oui, mais voilà : pour être tout à fait sincère, ce n’est pas le best of – quoique excellent – qui a attiré notre attention, mais le CD qui est livré avec, comprenant de nouveaux titres et des raretés. Dès le premier titre, « False flags », on est sous le charme, et on fond toujours comme un bleu. Toujours ce même effet boeuf. La recette est pourtant simple, comme le montre le CD retraçant leur histoire : un peu de dub, un peu de nappes de violons, un peu de hip-hop chaleureux, une voix invitée, et le tour est joué. Illustration : « Silent spring » et son chant brésilien débité par Elisabeth Fraser est à se pâmer. « Incantation » n’en est point une, avec la cinquième roue du carrosse qu’est désormais Horace Andy, légende vivante et revivifiée grâce à Robert Del Naja, l’homme fort de Massive (quand on pense que pendant la première guerre du golfe le nom fut amputé d’Attack…). « Small time shoot ‘em up » ensorcelle, « I Against I » explore le hip-hop plus hardcore, genre jamais exploré de la sorte par MA, avec Mos Def en renfort éclairé.

N’oublions pas pour autant la raison d’être de cet album : les meilleurs titres, accompagnés de leurs clips, du plus grand nom du trip-hop Bristolien. « Karmacoma », « Unifinished sympathy » (quel chef-d’oeuvre!), « Protection », « Inertia Creeps » etc… : autant de titres qui arborent des invités émérites. Sur ce point, ils en ont fait une habitude typique du genre trip-hop. D’abord, les habitués du troquet : Elisabeth Fraser, Horace Andy. Ensuite, ceux qui en ont ouvert un autre en face : Tricky. Enfin, les invités de luxe : Tracey Thorn, Sinead O’Connor, Grant & Lorna Marshall, Nicolette, Debbie Clare, Damon Albarn, Mos Def, Madonna(elle, par contre, on aurait pu s’en passer…). Et encore, on ne s’est contentés ici que de citer les voix… Enfin, on s’en voudrait de ne pas parler du dernier simple, « Live with me », avec Terry Callier en guest star, et dont le clip est impressionnant. Dans ce domaine d’ailleurs, Massive Attack n’a de leçons à recevoir de personne, tant il a innové en la matière (souvenez-vous du traveling dans « Unfinished Sympathy », de « Protection » singeant Les Ailes du désir de Wenders, ou encore « Karmacoma » et son clin d’oeil à Shining de Kubrick : que du bonheur en somme. Tous les réalisateurs qui comptent y sont passés : Michel Gondry, Baillie Walsh, Jonathan Glazer, Stefen Sednaoui, Walter Stern, Wiz, Daniel Levi, Paul Gore.

Le site de Massive Attack