L’humain est musique. Cacoy tente d’en faire une démonstration enfantine. A défaut d’être convaincante, la démonstration est intéressante.


L’écoute de ce Human is Music équivaut à suivre l’évolution d’un enfant nommé Cacoy.

« Funeral march in march » ouvre l’album avec une rythmique hip-hop : on l’imagine volontiers composée en tapant sur les gros boutons verts d’un bien trop grand synthétiseur high-tech que Cacoy vient de recevoir suite à ses bons résultats à l’école. Un son d’orgue sub-aquatique accompagne ce rythme maladroit en jouant un air pouvant être reproduit sans problème avec un kazoo. Le son légèrement plus organique d’un saxophone naïf empêche le morceau de devenir linéaire. Sur « Mo maW Maw », l’interlude suivant, le synthétiseur glisse des mains de son nouveau propriétaire. Le résultat est plus aventureux et repose sur un demi-rythme entrecoupé de samples déficients et d’infrasons défectueux testant le bon fonctionnement de vos conduits auditifs. Le son de saxophone est toujours présent, mais semble définitivement échapper à toute logique.

Ensuite, Cacoy s’est enfin résolu à ranger sa chambre et à retrouver ce fameux mode d’emploi qui lui permettra de dompter son matériel. Visiblement, il apprend vite et s’est même trouvé une amie pour l’accompagner dans son apprentissage, car « Piracle Pa » surprend avec son orgue clair et précis, son utilisation adéquate du saxophone, ces petites sonorités électroniques bigarrées et cette délicieuse voix enfantine chantant dans une langue vraisemblablement imaginaire. Avec « Farewellwell » et « New Worth », Cacoy devient adolescent et écoute Aphex Twin, dont il essaie d’imiter les rythmes et les sons avançant par saccades. Il affiche toujours ce goût prononcé pour les tonalités aquatiques, mais cette fois-ci, le saxophone cède sa place à l’écho d’une guitare rêveuse et hypnotique. Sur « Cacoy’s mood », Cacoy est presque adulte et nous balance un nouvel interlude dépourvu de tout rythme se concentrant sur le son d’une guitare dont certains accords rappellent Tortoise. Il utilise les sonorités électroniques avec parcimonie et les aligne sur le modèle d’un percussionniste d’avant-garde.

Avec « mural of music », il atteint la majorité et apprend à être commercial en signant une petite chanson dance simplissime qui marque le retour de l’orgue, du saxophone et de la voix juvénile. Il confirme avec « Thank You Afrika », une rythmique dub décalée évoluant en crescendo, sur laquelle il applique son collage de sonorités enfantines et disparates qui ne l’auront jamais quitté depuis ses premiers pas avec son gros synthétiseur. « yoko majicick ono » nous offre un nouveau petit exercice dance et « harmonies » constitue le seul retour en arrière, tant il rappelle ce hip-hop maladroit ouvrant l’album. Entre les deux, se glisse « trees who threat minor », troisième et dernier interlude reposant sur ce son de saxophone naïf.

L’album se clôt sur le surprenant « cool spring minister » axé sur une longue mélodie plaintive, jouée par une guitare acoustique que l’on aurait pu entendre chez Gastr Del Sol.

Human is Music est un l’album qui, volontairement, se cherche et procède par collages kaléidoscopiques aboutissant sur d’enrichissantes découvertes. Cet essai d’électronique enfantine de plus en plus maîtrisée serait la bande-son idéale pour un de ces films indépendants américains où des personnages décalés en perte de repères se mettent en quête d’un but.

Cacoy n’est pas américain, mais japonais. C’est un trio emmené par un certain DJ Klock, proche de DJ Krush.

– Le site de Rumraket