Cette formation majoritairement féminine en provenance du Brésil utilise une formule implaccable, en mélangeant l’esprit fêtard et dansant à l’oeuvre dans la musique électronique et l’énergie contestataire du rock. Un cocktail survitaminé pour bien envisager cette rentrée.


Les cinq musiciennes qui composent CSS sont visiblement « fatiguées d’être sexy », en réponse à cette surenchère de mimiques et autres poses suggestives de rigueur dans le showbiz. Qu’à cela ne tienne, elles vont dessiner, au fil de ces 11 vignettes – et peut-être sans le vouloir – une nouvelle sexy attitude imprégnée de rock et de mauvaises manières. Celle qui consiste, par exemple, à parsemer les paroles et titres de l’album d’insultes diverses. L’étiquette «explicit lyrics» nous aura prévenus.

Ca commence avec “CSS Sucks” dans le titre du même nom, assené méthodiquement sur une batterie disco-rock et une guitare en proie au larsen. Bientôt, les cinq voix féminines reprennent en choeur cet étrange refrain fédérateur, sur fond de guitares saturées. Une méthode qui leur vaudrait sans doute l’appellation inédite de shoegaze electro, ou punk-dance, comme me le suggérait Laurent. Drôle de façon de débuter un album, en annonçant précisément en guise d’introduction ce qui pourrait les discréditer immédiatement («CSS, ça craint»). Sans doute la CSS Team fait-elle preuve d’autodérision. Une qualité que l’on se doit de souligner, à l’heure où les groupes de rock sont massivement encluns à se prendre au sérieux. Avec “Patins”, CSS nous donne la version féminine – féministe ? – des Strokes : soit une voix éructée trop près du micro, sur des guitares aux sonorités saturées et/ou métalliques. On retrouve ce format rock au fil de l’album, lorsque CSS affirme son penchant électrique, avec parfois des réminiscences de Pixies – “Artbitch”, construit autour d’un riff acéré et d’un phrasé rapide – ou de de Primal Scream époque XTRMNTR (“Of The Hook”).

Par moments, les gimmicks électroniques reprennent le dessus, suggérant des ambiances urbaines, sombres et moites. Sur “Alala”, une ligne de basse synthétique et entêtante donne un côté cybernétique à une surenchère de souhaits matérialistes. Dans “Meeting Paris Hilton” – décidément la mascotte de Pinkushion – quelques notes tout droit sorties d’un bontempi viennent se poser sur une rytmique binaire, vague écho de l’âge d’or de la new wave, ou plus récemment, des provocations rétro-futuristes de Peaches. D’autant que les paroles jouent sur la proximité phonétique de «beach» et «bitch». CSS n’en néglige pas moins les formats plus convenus, avec une prétention pop – un brin barrée, certes – irresistible. Avec une constante toutefois : un phrasé-parlé très eighties. “Let’s Make Love And Listen To Death From Above”, tube en puissance, utilise à merveille le potentiel dansant d’une basse, des «claps» et scintillements électroniques divers.
“Fuck Off Is Not The Only Thing You Have To Show” opère dans le même créneau, avec des sons de clavier et des effets vocaux volontairement rétro, sur une rythmique qui possède quelques accents ska. “Music Is My Hot Hot Sex” finit d’achever le tiercé gagnant, avec un refrain efficace où la chanteuse énumère ses différents liens de parenté avec la musique : tantôt «girlfriend», tantôt «Great-grand father» ou «favorite mistress». Nul doute que CSS a su tirer parti de cette confusion familiale pour accomplir un album frais et varié.

– CSS sur Myspace