Sur les traces de The National, Madrugada, Tindersticks et surtout Nick Cave, ce trio australien collectionne les bonnes critiques et les prix. Pas par hasard.


C’est le genre de disque que nous aimons chez Pinkushion. Des paroles avec un sens réel (pas de remplissage en vers – et contre tout), une musique inspirée, un chant authentique, des émotions sincères… Voilà comment résumer The Devastations.

Le trio australien formé en 2002 (les deux chanteurs Conrad Standish à la basse et Tom Carlyon à la guitare, Hugo Cran à la batterie), d’entrée de jeu, évoque en vrac les Tindersticks, Nick Cave, Madrugada et The National (avec qui ils ont d’ailleurs tourné, et avec lesquels ils partagent le label Brassland/Beggar’s Banquet). C’est lors de la sortie de leur premier album éponyme en 2004 qu’ils sont salués par Karen O (Yeah Yeah Yeah’s) comme « The best thing I’ve heard all year », et se voient également décerner le titre de best debut album par le Rolling Stone allemand. Pas si étonnant puisque c’est grâce à Alexander Hacke (Einsturzende Neubauten) et à son festival Bada Bing qu’ils s’y font connaître et savourent leurs premiers succès, notamment en tournant avec la bande à Stuart A.Staples. A tel point d’ailleurs qu’ils s’y installent, imitant de la sorte Cave et tant d’autres.

Enregistré à Prague, Berlin et Melbourne, l’album a bénéficié de la collaboration d’une série d’invités aussi divers que prestigieux. Cela va de la néo-zélandaise Bic Runga sur « A Man Of Fortune » (comparable au duo de Nick Cave avec Kylie Minogue), au violoniste et violoncelliste Padma Newsome (Clogs) sur les très émouvants « I Don’t Want To Lose You Tonight » et « A Man Of Fortune », en passant par Genevieve McGuckin (ex These Immortal Souls) sur « Dance With Me ». Mais c’est bien sûr au trio que l’on doit le plat consistant.

La musique, faussement douceâtre, maniant avec tact l’art du crescendo et de la tension, escorte des paroles pas piquées des vers. « The night I could’t stop crying » illustre à la perfection cet aspect, avec des métaphores du type « I pissed it all away ». Il y est aussi énormément question de prostituées (le narrateur dit même en être un fils). On préfère s’imaginer qu’il s’agit de fiction, poignante et obsédante à souhait. Les arpèges donnent à cette ambiance toute Bukowskienne un volume somptueux.

Il en va de même de l’appel au secours dans « Take You Home ». Ce côté parfois un peu larmoyant – pourtant franc – risque d’induire certains en erreur, lors de la première écoute. Ce serait dommage, car l’album est cohérent, de bout en bout, avec une mention spéciale pour les deux derniers titres, l’un tout en électricité, l’autre tout en douceur.

– Le site Devastations