Troisième album et dérive atmosphérique du collectif bavarois, ponctuée de reprises de classiques rock revisités.


Martin Gretschmann est un homme occupé. On se demande bien comment le bavarois trouve le temps de maintenir le cap avec Console, son side projet qui perdure depuis près de 10 ans. En marge de ses remixes pour Depeche Mode, A-HA et Björk – pour qui il a composé “Heirloom” – ou encore le super groupe 13 & God, sorti sur Anticon l’année dernière, Gretschmann demeure l’inoxydable programmeur des notables The Notwist, formidable machine indie rock à danser.

Passé du label indépendant Matador à la major company Virgin, Console nous revient après trois ans d’absence sur le label munichois Disko B records (Stereo Total). Le précédent poncif, Reset the Preset, un double album gourmand, laissait précisément en travers de la gorge un certain vice de la gourmandise, celui d’avoir les yeux plus gros que le ventre. En effet, pas facile d’ingurgiter ses 17 plages – certes ambient – mais copieuses. Cette fois, Mono prône la modération. On recense seulement 9 nouvelles plages atmosphériques plus deux reprises triées sur le volet : “By This River”, l’intrigante pièce crépusculaire de Mr Brian «Ambient» Eno, et “Starpower” des non moins légendaires Sonic Youth – un autre classique qui n’a pas pris une ride depuis 20 ans.

Sur ce troisième opus, Console ne dérive pas vraiment de sa formule ambient/pop, mais creuse encore en profondeur ses thèmes chers, privilégiant les silences et les harmonies souterraines. Mono procure une telle sensation d’isolation hibernée qu’il faut d’ailleurs l’avouer, ce disque est devenu le compagnon idéal de nos siestes d’après-midi. Prêtez-vous à un test : échantillonnez la note la plus grave d’un xylophone et étirez là au maximum, vous obtiendrez peut-être cet état de torpeur si «consolien» .

Martin Gretschmann et ses acolytes Axel Fischer, Christoph Brandner, Michael Schwaiger, Anton Kaun et la divine Miriam Osterrieder sont devenus experts dans l’art du paysage sonore. Les structures mélodiques ne se laissent jamais déborder, supportant des écumes ambient à la force d’évocation visuelle surprenante. L’engourdi “City of Dog” pourrait ainsi accompagner les méditations profondes du samouraï urbain Ghost Dog. Autre image cinéphile, Lost in Sensation procure bien ce sentiment de perte, d’égarement sur un continent inconnu. A l’écoute du résultat, Martin Gretschmann a très certainement ramené de voyage quelques estampes japonaises qui l’accompagnent régulièrement durant ce parcours musical monolithique.

“Magnolia”, unique chanson signée du collectif, est une marche lente guidée par l’hypnotique Miriam Osterrieder. La maîtresse vocale des lieux donne également une version sensible de la ballade sépulcrale d’Eno, malgré un décorum synthétique un peu trop fidèle. Placé stratégiquement en bout de course, “Starpower” reprend les manettes (évident pour Console, hu, hu !), rentre le train d’atterrissage et décolle sur une guitare stridente et des percussions transcendantales. A bord du vaisseau hyper Sonic (Youth), destination la planète post-rock. Console s’est déjà envolé. Le séjour fut court, mais une fois encore plein d’engourdissements.

– Le site officiel de Console