Alors qu’est-ce qu’ils valent les nouveaux terroristes du dance floor, le nec plus ultra de la coolitude VIP internationale ? Sortez l’artillerie lourde, on est prêt à charger. A moins que…


C’est officiel, en 2007, tous les albums dance rock s’intituleront « myth ». Après les Klaxons, ce sera au tour des !!! de délivrer leur Myth Takes en mars. Mais pour le moment, le trio londonien écrase la concurrence par leur omniprésence médiatique. Tout est allé trop vite pour les Klaxons. La presse britannique, comme toujours à l’affût du moindre soubresaut de « hype », les a hissés au rang de sensation dès leur premier single, usant de formules dithyrambiques à l’encontre de leur cocktail dance rock anabolisant. On a bien sûr appris à se méfier comme de la peste de cet emballement médiatique qui généralement n’augure rien de bon. A les regarder briller dans leurs vidéoclips, poser dans les gravures de mode avec un look aussi soigné que David-Ivar Herman Dune, tout ce remue ménage superflu(o) nous laissait songeur, pour ne pas dire dubitatif…

A Londres, il a suffi en 2006 de deux singles pour mettre le feu au poudre (“Gravity’ Rainbow”, “Atlantis to Interzone” réunis en France sur le Magick French EP) et d’une revendication pas vraiment sérieuse, un mouvement « Nu-rave » autour du quel le NME s’est chargé de faire monter la mayonnaise, pour propulser ce trio anonyme porte-parole d’une certaine Angleterre blasée des combos à guitares. Une jeunesse qui souhaite changer de teinturier, ose les tons flashy et retourne dans les boites avec une musique qui les emporte. Les Klaxons leur offrirait tout cela sur un plateau… Et si ce soulèvement peut passer comme un éternel recommencement dans le rock, il y a dans cette attitude une volonté de libération, à laquelle on ne peut qu’adhérer. On veut du changement.

Relativisons, Jamie Reynolds, Simon Taylor et James Righton ne révolutionneront pas la musique comme on a pu exagérément l’entendre à droite et à gauche. Mais leurs chansons sont bonnes. Ils sont seulement arrivés au bon moment avec leur machine à groove punky saupoudré de pop clignotante. Moins paillettes que les Scissor Sisters, plus abordables qu’LCD Soundsystem, les Klaxons pourraient bien décrocher la tymbale car ils sont identifiables.

Et puis les Klaxons sont des malins : ils ont décidé sur ce baptême du feu de prendre de cours tout le monde. Là où l’on s’attendait à une rafale de tubes clignotant sur un beat assassin façon “Firestarter” de Prodigy, leur musique prend une tournure plus perverse. Bien camouflées jusqu’ici derrière des effets rythmiques pyrotechniques, les mélodies s’assombrissent et démontrent une appétence pop plus évidente. “Two Receivers” révèle ainsi une inclinaison mélancolique limite inquiétante. “Golden Skans” se dote d’un refrain à la fois immédiat et fantomatique qui relativise le déferlement de pulsions BPM. La mesure de temps s’étire même sur quelques humeurs violacées comme “Isle of Her”. Pour ne pas sombrer dans la déprime, il reste quand même les fameux singles qui ont déclenché la klaxonmania, comme “Atlantis To Interzone”, dopés d’échantillons House et de basses « marteau-piqueur » qui soulèvent tout sur leur passage, quitte à foutre un chantier pas possible sur les pistes. Nouvelles tueries entêtantes,“ As Above, So Belo”w et “It’s Not Over Yet” (avec son flux de guitares sursaturés qui harponne le beat), donneront également du fil à retordre à nos lacets de chaussures.

Alors les Klaxons, simple produit jetable à faire danser la clientèle branchouille du Paris Paris et Le Baron ? Non, Myths of the Near Future est tout simplement un disque pop, dans le sens fédérateur du terme. Un disque destiné à brasser un maximum d’énergie et qui ne s’adresse pas qu’à une élite bien pensante. Sous la coupe d’une presse sensationnelle qui ne tardera pas à les fustiger, ces garçons dans le vent méritent mieux que le destin éphémère d’étoile filante.

– Le site des Klaxons

– Leur page Myspace

– Lire également notre entretien (janvier 2007)