La compositrice new-yorkaise Diane Cluck, petite protégée de Devendra Banhart, a érigé la restriction volontaire de moyens comme hygiène musicale. L’appellation «Lo fi» semble avoir été inventée pour son dernier album en date, Monarcana, sorti en catimini fin 2006, qui esquisse un univers de l’ébauche, où les compositions – au nombre de 23 ! – à force d’épure, se mettent à ressembler à des maquettes, et vise-versa. Ces titres spontanés, écrits chez elle entre 2001 et 2004, se parent en effet d’un minimalisme volontaire, d’une beauté spartiate qui tient à peu de choses. Diane Cluck s’aide uniquement du pouvoir mélodique des mots scandés comme un oracle pythique (“Snake”, “My Virtue‘s Gone”), d’un piano brumeux qui éclaire de sa lueur maladive le spleen contagieux de sa musique (“Beatless Wonder”), et d’un entrelacs vocal permanent. Sa voix particulièrement souple se démultiplie à l’envi, un peu comme si Laura Veirs était secondée de près par un bataillon de sirènes. La cacophonie vocale ou instrumentale (“Gardenovena”) vient souvent saper les fondations déjà bien fragiles de cet édifice de sable : des pistes très courtes – parfois moins d’une minute – s‘enchaînent, toujours plus insaisissables. Même les compostions les plus harmonieuses, comme “Lucifer” ou “Leave Me Alone”, appuyées à la guitare acoustique, s’étiolent peu à peu, interrompant notre rêverie en plein vol. On ressort de cette expédition en terres arides avec une impression contrastée, à mi-chemin entre la fascination pour son intégrité musicale et l’agacement envers cette musique recroquevillée sur sa frilosité.

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