Et si le disque de punk-rock binaire en français que nous attendions depuis longtemps venait de… Montreal ? Les Breastfeeders, emmenés par Luc Brien, proposent leur deuxième album, Les Matins De Grands Soirs, un disque dans un pur style oane-tou-trii-forr bête, drôle et particulièrement accrocheur. Les Wampas ont enfin trouvé la première partie qui leur manquait tant, voire leurs disciples parfaits. Les Breastfeeders évoluent dans le même sillon que le groupe du meilleur agent RATP du monde, chansons aussi idiotes que frontales, immédiatement retenues, et qui assument parfaitement leur décalage. « Chanson Pour Destinée » fait un merveilleux croche-pied à Guy Marchand, « En Dansant Le Yah ! » déclanche le pogo de l’année dans les cours de lycées, « Qui A Deux Femmes », irrévérencieuse à souhait, remet à leur place tous les groupes à « message », et ça continue ainsi sur 14 titres. Ce n’est pas le moment d’écouter ce disque si vous avez les genous en capilotade ou si votre tendon d’Achille a pété le weekend dernier sur votre skate. Néanmoins, malgré un style aussi facile à gober, soulignons l’excellente facture des mélodies qui n’ont rien de racoleur mais qui lorgnent toutes vers les pics des charts. Le soin apporté à la production est lui aussi à féliciter. Il est vrai qu’il s’agit tout de même du deuxième album des Breastfeeders, qu’il est déjà paru il y a un an au Québec, et que le groupe bénéficie d’une solide réputation de pyromane scénique dans sa contrée. Assurément pas la révélation de l’année, mais un moment de bonheur brut et bête. Et c’est déjà beaucoup.

– Le site de Les Breastfeeders