Ben et Vesper se promènent dans la campagne. Soudain, ils se marient et sortent un album mignon tout plein. Malheureusement, boudés par un public majoritairement malheureux, ils refont leurs bagages et décident d’ouvrir une école de naturalistes en Lettonie. Fin de l’histoire.


Jolie jaquette et joli livret aux illustrations enfantines, jolies petites guitares, jolies mélodies. Tout dans All This Could Kill You transpire le bonheur d’un couple qui n’en revient toujours pas de s’être marié.

Basés à New Jerusalem aux USA, les deux membres fondateurs de Ben+Vesper sont deux anciens élèves d’une école d’art qui se sont quittés copains, qui se sont ennuyés chacun de leur côté, et qui se sont retrouvés pour se marier et enregistrer des chansons. Des chansons qui témoigneront pour la postérité de leur amour fusionnel (et un brin gnan-gnan) et d’une démarche artistique basée sur le bonheur conjugal. Il est vrai que quand la très grosse majorité de la production musicale relate de la difficulté de vivre, de la pénibilité du quotidien ou de la faim dans le monde, un peu de gaieté et de candeur ne peuvent pas faire de mal. C’est ce que se sont sans doute dit Ben et Vesper Stamper avant d’enregistrer leur premier album.
De mélodies légères en chansonnettes doucereuses, tout ici respire la joie de vivre. Si après une écoute attentive de ce disque vous ne courez pas vous marier et fonder une famille dans la minute, c’est que vous êtes un monstre ou que vous êtes mort. La recette du bonheur vous y est pourtant décrite à la lettre, il vous suffit de regarder les arbres pousser à deux, et vous verrez la vie autrement. Fastoche, non ?

N’oublions quand même pas qu’il s’agit avant tout de musique. Et la musique sert ici de faire-valoir à ces textes un rien empruntés. Guitares diverses et variées, marimba, percussions en tous genres, harmonica, banjo, accordéon, claviers, orgues, shaker, basse, batterie, la palette d’instruments utilisés ici promettait un album curieux, aventureux et éclectique. En lieu et place d’une expérience mélodique et harmonique digne des plus grands folkeux, Ben+Vesper délivrent une musique insipide, usant du maximum d’instruments possibles sur chaque chanson pour voiler un manque cruel d’inventivité. Aucune intensité, aucun souffle, tout est lissé à l’extrême. Chaque chanson étant chantée à deux voix, on a droit sur la gauche à Monsieur et sa voix grave et jamais en place, et sur la droite à Madame et sa voix sans caractère et toujours fausse, certains titres frôlant même le supplice.

Pour être tout à fait honnête, All This Could Kill You ne manque pourtant pas d’idées. On se prend à rêver de ce qu’auraient pu donner des titres comme « Live Free Or Try » ou « The Stomach » entre les mains de Stuart A. Staples ou Neil Hannon (que Monsieur rappelle un peu) : des petites pièces bancales et judicieusement mises en valeur par une mandoline ou un ukulélé. Non, nos amoureux transis sont tellement contents de s’être offert autant de joujoux qu’ils préfèrent les valoriser en les mettant dans chaque chanson, et peu importe que l’effet soit étouffant.

Et nous, pauvres auditeurs plombés dans notre grisaille, d’assister, impuissants à cette idylle éclatante que rien ne peut entacher. Nous sommes ravis pour Mr & Mme Stamper, mais on n’en a pas grand chose à faire, finalement. Heureux les innocents, qu’Il disait l’Autre…

– Leur site

– Leur Myspace