La Nouvelle-Zélande aime bien le foncé. Après les All-Blacks et leur rugby carnassier, voici les Brunettes et leur pop atmosphérico-romantico-psychédélique. Les fondamentaux prennent encore un sérieux coup derrière la tête avec le sixième album de ce couple (à la vie comme à la scène, selon l’expression consacrée). Car ce que propose Structure & Cosmetics, c’est une relecture catchy et amusée de la pop 60’s enluminée. De duos aériens en cascades de choeurs, les chansons de Heather Mansfield et Jonathan Bree font décoller des nuées de papillons bigarrés dans la tête. Structure & Cosmetics est même une preuve supplémentaire que l’on peut facilement concilier légèreté du propos et arrangements classieux. The Brunettes livrent des mélodies franches sous des instrumentations sophistiquées, usant et abusant de la reverb sans jamais noyer leurs harmonies délicates. Les deux voix, celle duveteuse de Heather et celle, plus bancale, de Jonathan, se mêlent pour former un alliage malléable, que le couple pétrit à l’envi, sans jamais l’altérer. Après la mémoire des métaux, après celle de l’eau, voici la mémoire des voix. Ils ont beau durcir le ton, sombrer dans le grave, ou au contraire voltiger au-delà des nuages, les amoureux se raccrochent à tout ce qu’ils trouvent pour revenir sur terre : ici des clappements de mains, là des claviers crèmeux, de temps en temps une guitare ou un glockenspiel, un peu partout une batterie massive et une basse ronde et chaude. Sans avoir l’air d’y toucher, The Brunettes porte la pop sur ses ailes, lui ouvrant la voie à des contrées encore inexplorées, de petites îles bien cachées et à la végétation luxuriante. Mais malgré ces voyages immobiles, ils n’oublient jamais d’emporter avec eux la trousse de maquillage ou les bottines des Beatles (vous savez bien, celles qui symbolisèrent pour les Fab’Four la réussite financière). The Brunettes, ou comment innocence et érudition marchent main dans la main, et les pieds nus.

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