“Par dessus tout”, à lire comme un credo, en ouverture d’un album résolument attaché à contourner, passer outre, détourner, fureter, se faire la malle avec la malice et l’insouciance inhérentes à l’enfance. A l’autre bout, joie communicative de “Petite fille”, Iris agile et légère, messagère volante entre hommes et dieux qui vient fermer cette odyssée musicale. Entre les deux, dérouler à l’envi l’écharpe multicolore d’un jazz qui élargit son spectre sonore bien au-delà des habituelles convenances en la matière : bruits contingents devenus sources poétiques (cliquetis d’une roue de vélo, pas dans la rue, clappements de mains, rires), mariages sonores pas si fréquents (notamment un exquis dialogue piano/violoncelle), détournements instrumentaux inattendus (le piano se fait par exemple mélodique alors que la violoncelle d’Alain Grange tend vers une fonction plus rythmique), la musique, libre et spontanée, file où bon lui semble, entre charme fugace et séduction durable. Goût du voyage, forcément, l’Afrique surtout, percussions de Xavier Desandre-Navarre et flûte de Simon Spang-Hanssen à l’avenant, quand l’ailleurs est requis pour élargir l’espace de l’imaginaire, lui donner profondeur et richesse harmonique. Pareil désir d’aventures pourrait se solder par un éparpillement stylistique dommageable, la multiplicité des couleurs pouvant parfois se rependre en un coloriage grossier mangeant à tous les râteliers. Ecueil pas même contourné par le quartet d’Edouard Ferlet, la justesse des compositions et la délicatesse d’écriture garantissant à cette formation soudée un bon ton dont elle ne saurait se départir en quelque endroit.

– Le site de Melisse.
– Le site de Edouard Ferlet.
– La page Myspace de Edouard Ferlet.