Etrange univers que celui de The Dust Dive. A l’image de la photo qui orne ce deuxième album, la musique du trio est un bric à brac campagnard quelque peu désertique. Une country-folk de cortège funéraire, mais de ces enterrements qui n’oublient pas que la mort alimente la vie. Il y a toujours une lumière quelque part pour éclairer le chemin. Et pourtant c’est bien à Brooklyn, en plein coeur de la Grosse Pomme, que sont basés Bryan Zimmerman (simple homonyme, ne nous affolons pas), Ken Switzer et Laura Ortman. Guitares aériennes, chant caractériel appuyé par des choeurs fantomatiques, samples de poches, difficile de donner un nom à ce mélange des genres. Mais difficile aussi de lutter tant cette musique excite, en surface, la sensibilité, même des plus endurcis. Pour ce faire, The Dust Dive possède quelques tours imprévisibles qui réussissent à chaque fois. Sifflements enjôleurs, orgue martial, violons gémissant, chant de coq (!!), autant de petits effets qui surgissent sans crier gare. Ce montage faussement anarchique déjoue avec aisance, la plupart du temps, l’impression de mollesse qui pourrait surgir aux premières notes de chacune de ces vignettes jouées au ralenti. Le rythme ne s’accélère en effet jamais sur Claws Of Light, plongeant l’auditeur dans une torpeur agréablement bousculée par les trouvailles citées plus haut. Mais la grande force de The Dust Dive réside surtout dans le chant tour à tour tourmenté, habité ou bucolique de Bryan Zimmerman, doté qu’il est d’une voix atypique et franchement séduisante. Cependant, malgré tous ces ornements excentriques, ce chant intemporel et ces guitares sépia, les compositions ne sont pas intrinsèquement d’une originalité confondante, et cet album aurait gagné à un peu plus de concision, plombé par un ventre mou – en gros, les plages 5/6/7 se ressemblent beaucoup trop. Somme toute, Claws Of Light possède suffisamment de qualités pour que l’on y revienne ponctuellement picorer un peu de douceur et pas mal de folie douce.

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