Rien de surprenant à ce que le trublion Katerine, intronisé nouvelle star de la chanson française débridée, défie les attentes du public avec un album d’obédience ouvertement jazz et prenne ainsi le contre-pied du précédent Robots après tout (2005) – dont on ne saurait trop re-conseiller l’écoute/visionage de sa version enlivée Border Live + Studio Live (2007). Jouer les crooners de charme, avec le soupçon de détachement et de flegme bogartien qui le caractérisent, il s’était déjà essayé à pareille entreprise sur le mélancolique Une histoire d’amour (2000), un album fort réussi enregistré avec l’égérie de la Nouvelle Vague, Anna Karina. Cette foi-ci, point de mariage d’amour mais un Pax avec le saxophoniste et tête chercheuse Alban Darche, leader de l’orchestre protéiforme Le Gros Cube. Huit titres, alternant morceaux chantés et instrumentaux, tracent les grandes lignes d’une union libre où paroles et musique se filent le train, s’arrangent à merveille de leurs différences, s’amourachent un temps pour vaquer chacune de leur côté celui d’après. Où va le romantique Katerine la nuit ? Dans ses draps, à la recherche d’une féminité à lui offerte, endormie mais secrètement arpentée par ses pensées vagabondes. A moins qu’il ne se perde dans les hilarantes chausse-trapes des « Jardins anglais ». A qui le dandy Katerine a appris “La Chanson des jours béni” ? A celle qui s’est enfuie sans dire merci, celle dont il ne reste que le souvenir fugace, la silhouette partie en fumée, l’ombre évanescente dessinée par les cuivres sur le nostalgique “Murmures”. Pourquoi ne faut-il pas parler à Katerine de “Copenhague” ? Parce qu’il y fait trop chaud à Noël (l’accélération du tempo et l’intervention de la guitare électrique de Gilles Coronado à mi-morceau signifient la violence du déchirement amoureux) et qu’on en revient pas, ou seul. Qu’a découvert Katerine, un dimanche, “Au jardin botanique” ? Qu’elle était morte. Elle ? la passion, son odeur, sa couleur, sa mélodie enivrante. Pas de quoi se laisser abattre, tant que la musique l’enterra de la sorte, avec joie et insolence, la nôtre pour ces deux Nantais (et leurs amis) demeura bien vivante.

– La page Myspace de Le Gros Cube.
– Le site de Yolk.