L’Islandais Skúli Sverrisson est ce que l’on pourrait appeler un perfectionniste : Seria, son deuxième album solo, ne voit le jour que dix ans après son premier, Seremonie. Il est vrai qu’entretemps ce bassiste, dont les talents sont régulièrement sollicités, a étroitement collaboré avec des artistes majeurs tels que la performeuse Laurie Anderson et le compositeur Ryuichi Sakamoto, ou dans un registre moins impliqué mais notable, avec l’avant-gardiste John Zorn et quelques défricheurs du rock tels que David Sylvian et Blonde Redhead… Projet semi-instrumental, Seria a été enregistré à Reykjavik et New York au cours d’un processus créatif mûri durant deux ans. Sverrisson y chevauche des atmosphères apaisantes et veloutées, une élégance située entre la douce poésie moderniste de Mùm et l’esthétique affranchie d’un Clogs pour l’épure et la prédominance d’instruments acoustiques (dobro, clavecin, cordes, clarinettes…). Les rencontres semblent nourrir l’inspiration du bassiste tout au long de ses treize plages ondoyantes, où se distinguent parmi de nombreux hôtes le compatriote Jóhann Jóhannsson, Amadeo Pace de Blonde Redhead (qui cosigne le morceau éponyme de l’album), Eyvind Kang (du label terroriste de Patton Ipecac), Laurie Anderson (elle pose sa voix sur un “One Night of Swords” renversant, mariage réussi entre Portishead et Sigur Ros) et la voix de l’Islandaise et compagne de label Ólöf Arnalds (sur trois titres). Un simple passage en revue des crédits donne une idée de la richesse de la chose. Une oeuvre organique et exigeante, mais pas seulement pour oreilles averties.

– Le site de 12Tonar