Deuxième album du duo franco américain en un peu moins de deux ans, Devotion marche exactement sur les pas de son prédécesseur. Mazzy Star en référence absolue (pour la torpeur générale), mariage de l’orgue, de la guitare et de quelques rythmes synthétiques, la musique de Victoria Legrand (nièce de qui vous savez) et Alex Cally ne varie pas d’un iota. Le charme continue donc d’opérer sur ceux qui se sont laissés prendre au jeu la première fois. La belle voix grave de la chanteuse (qui n’arrive tout de même pas à la cheville de celle de Hope Sandoval en terme de sensualité), portant des mélodies éthérées à bout de bras, agit sur l’esprit comme un puissant narcoleptique aux effets secondaires inexistants. Soporifique sur scène – une fille en legging noir derrière un orgue et un garçon chevelu qui refuse de s’extraire de la pénombre, tous deux à la limite de l’immobilité forcée par la musique produite, pas exactement l’idée qu’on se fait d’un concert prenant -, la dream-pop de Beach House dévoile tous ses atours sur disque. Le duo sait en effet saisir sur le vif le moment précis où l’esprit décroche de son environnement pour se laisser porter et créer la musique de cette escapade. Le mixage en retrait du chant et l’écho omniprésent de l’ensemble renforçant la sensation d’entendre une musique irréelle. Pour autant, malgré la finesse d’écriture et la simplicité des arrangements, c’est exactement à cause de ce mixage unicolore et finalement lassant que l’on finit par décrocher et que le disque deviendrait presque ennuyeux – ce qu’il n’est pas lors d’une écoute parcimonieuse. Un producteur aventureux, un peu d’acharnement et une basse sont les éléments manquants à Beach House pour offrir le beau disque que l’on attend de Mazzy Star depuis une bonne décennie maintenant – sans, malheureusement, la divine voix de Hope Sandoval.

– Leur site officiel