Contrairement à ce que sous-entend le titre de son dernier album, Brings the Lions Out (trad : Lâchez les lions), le tranquille Erick Mattiasson n’a rien du gladiateur. Diamétralement aux antipodes de la violence caverneuse d’Interpol, les ballades folk exotiques de Melpo Mene sont propices au doux farniente.


On ne peut pourtant pas dire que le suédois touche-à-tout se repose sur ses lauriers, le successeur du déjà charmant Holes (imaginez les Shins se mettant à faire de la bossa) sorti l’année dernière prolonge cet état de laxisme délicieux, de mirage et flou flottement sous le soleil. Un disque artisanal, fignolé, quoique de plus en plus porté vers un tropicalisme fastueux… Ce collègue de José Gonzalez et Promise and the Monsters sur Imperial Records nous commente les chansons de ce lumineux second album. Et puis, en bonus, puisque une de ses nouvelles chansons s’appelle “I adore You”, nous lui avons demandé cinq choses qu’il adore, justement.

“Hit The boy”

Erick Mattiasson : Je pensais à une attitude de jazz supercool, à la fois paresseuse et négligée. Un étrange et intéressant mélange de formes et de couleurs.

“Society“

Un point de vue cynique sur la société, mis en forme dans une pop song funky. Le personnage « Charlie » représente le bien mais malgré tout on le hait. Les voix dans la dernière seconde de la chanson proviennent d’un entretien avec Ayn Rand (ndlr : philosophe et romancière américaine, auteure entre autre de « La Source Vive ») ainsi que d’un concours de beauté américain (cynisme et stupidité).

“Babes And Darlings“

Une bossa sensuelle écrite au piano. J’avais des yeux luisants lorsque je l’ai composée. Heureux de l’avoir accomplie tant musicalement qu’émotionnellement.

« I Adore You »

Le type de chanson d’amour évidente.

« The Sun »

Dans les paroles, il y a une ligne sur Bono, la rock star de U2, signant un autographe sur un iPod. Ne pas l’interpréter comme un reproche envers Bono ou Apple, juste une façon d’être paresseux et nonchalant.

« Eager To Find It »

Sans aucune raison particulière, j’ai passé beaucoup de temps sur cette chanson. Pas vraiment un cadeau, mais plutôt beaucoup de travail. Je ne suis même pas sûr de savoir de quoi il retourne, ni de connaître l’histoire autour. En fait, je ne m’en souviens plus.

« Kling Klang Clock »

Je rêve de faire de la musique pour le cinéma, et dans cette chanson, j’imaginais une rencontre entre Tim Burton et Radiohead. Un superbe vibraphone doublé d’un Wurlitzer, tous deux rythmés par la pendule de ma salle de bain. Nous avons envoyé cette chanson à Françoise Hardy dans l’espoir qu’elle y pose sa magnifique voix. Hélas, c’est une femme très occupée…

« Snakes And Lions »

Cette chanson m’a pris 10 minutes, composée dans mon salon dans le but d’expérimenter des « vocaux plus puissants ». Bien que je n’aimais pas tant que ça la chanson, je l’ai envoyée à mon producteur. Il m’a rappelé quelques jours plus tard en me menaçant de me tuer si je ne l’incluais pas sur l’album. Aujourd’hui, je l’aime aussi.

« We Were Kids »

Cette chanson a un goût d’été, de ciel bleu, de tristesse ensoleillée, et j’adore ça. Habituellement la tristesse rend un morceau sombre et lourd mais je la préfère dans ce contexte plus léger. Les paroles m’inspirent l’histoire d’une jeune fille de 10 ans qui traverse une période où elle se sent vieille et découvre la dure réalité de la vie. Elle se sent sage et prête à mourir. Je me rappelle de cette période dramatique et touchante durant mon enfance. Tu es si jeune et je me sens si vieux…

« Jedi »

Cette chanson a été composée il y a quelques années et elle est déjà parue dans un EP, enregistré différemment. Inspirée par le monde romantique de La Guerre des étoiles, elle a été la trame entière de ce nouvel album. Elle m’a pris beaucoup de temps pour l’écrire. La voix féminine est celle de la ravissante Anna Ternheim.

« Under The Moon »

Un vrai calvaire en studio. Le seul souvenir qu’il m’en reste est l’enregistrement des choeurs. Ce fut un moment merveilleux, à l’occasion de laquelle j’ai rencontré de nouvelles personnes et des coeurs à prendre. Les femmes qui ont passé la quarantaine sont plus charmantes que leurs filles.

« Dead On Arrival »

Je ne sais pas.

Bonus : cinq choses que j’adore…

1. J’adore les chats parce qu’ils sont féminins et ont une intégrité charmante.

2. J’adore les pédales d’effets pour guitares parce que j’aime que le signal aille vers la boîte et en sorte coloré.

3. J’adore les gens sensibles car ils sont capables d’avoir une vision plus grande.

4. J’adore les melons car ils sont frais.

5. J’adore les tables de billard car je trouve que les sons sont relaxants, et les angles mathématiques. (ndlr : ?!)

Melpo Mene, Brings the Lions Out (Imperial Recordings/ Differ-ant)

– Le site de Melpo Mene

Crédit Photo : Pascal Amoyel

Le suédois Erick Mattiasson plus connu sous l'entité Melpo Mene



English Version

Here are my thoughts and feelings about each song of my new album.

1. Hit The boy

I thought supercool attitude lazy careless jazz.
A weird and interesting mix of shapes and colours.

2. Society

A cynical view on society put in a funky pop-song.
The character « Charlie » is a symbol for everything
good and still we hate him. The voices in the last
seconds of the song is taken from an interview with
Ayn Rand and also an american beautycontest, (cynism and stupidity).

3. Babes And Darlings

A sensual bossa written on piano.
I had glossy eyes when i made this song.
Happy to have reached so far both music-wise
and emotionally.

4. I Adore You

A straight forward love-song.

5. The Sun

In the lyrics there’s a line about the U2 star Bono
signing an Ipod and its not a kick in either Bono or
Apple’s direction. It’s just a way to be lazy and careless.

5. Eager To Find It

For no perticular reason this song took a long
time to make, it was really not a gift, it was
hard work. Im not sure what its about and
if there is a story around it i can’t remember.

6. Kling Klang Clock

I have a dream of making music for cinema and
in this song I thought Tim Burton meets Radiohead.
A beautiful vibraphone dubbed with a wurlitzer held
together with the rythm of my bathroom clock.
We send this song to Francoise Hardy in hope of
her beautiful voice but she’s a busy woman……

7. Snakes And Lions

I made this song in 10 minutes in my livingroom
mainly to do an “louder-vocal-experiment”. I didn’t
like the song that much but I send it to my producer
anyway. He called me after a few days and thretened
to kill me if I didn’t agree to put it on the album.
Nowdays I love it too.

8. We Were Kids

This song has a summer-like, blue sky
light and sunny sadness and i love it.
Usually sadness gets dark and heavy
but i like it better in this light context.
The way i see it the lyrics is about a
girl around 10 years old going through
a period of feeling old and that she
discovered life and reality. She feels so
wise and ready to die. I remember this
dramatic and touching period when growing up.
You are so young and you feel so old.

9. Jedi

This song was made a few years ago
and was released in a EP in a differnet recording.
It was the path-finder for the entire new album.
Also a song that took forever to make. Inspired
by the romantic world of Star Wars. The female
voice is made by the lovely Anna Ternheim.

10. Under The Moon

This song was a pain in the studio and the only
memory of it I have¥nt pushed away is when
we recorded the choire. It was a wonderful affair
of meeting new people and burning hearts.
Women that passed 40 is more charming than their
daugters.

11. Dead On Arrival

I don’t know.

Melpo Mene Adore-List :

1. I adore cats because they are femenin and have a charming integrity.

2.I adore guitarpedals because i like that the signal goes into the box and comes out colored.

3. I adore sensetive people because they are able to see a bigger picture.

4. I adore lemons because they are fresh.

5. I adore pool-tables because the sounds are relaxing and the angels are mathematic.