Nouveau candidat à la course au titre tant convoité de « Next Big Thing » ou vrai petit joyau pop ? Difficile de trancher tant les ficelles sont grosses, avec des parrains aussi légendaires, et le résultat paradoxalement bon.


The Shortwave Set s’était fait remarquer en 2005 avec The Debt Collection, un premier album sautillant et jovial, proposant une pop efficace juste comme il faut, un peu passe-partout même. Mais Andrew Pettitt, David Farrell et Ulrika Bjorsne n’entendaient pas en rester-là. Le trio a fait le grand saut, a quitté sa banlieue sud de Londres pour aller se cramer les mirettes sous le soleil californien, non sans avoir au préalable préparé le terrain. Profitant de l’aubaine offerte par Danger Mouse de venir enregistrer leur second album sous sa direction, ils ont bourré leurs valises de petites chansons bien sous tous rapports. Et quitte à fracasser les portes, autant s’attaquer aux plus lourdes en proposant à Van Dyke Parks et John Cale de se joindre à la boum, pas moins. Pour un résultat que nous qualifierons de surprenant en regard de ce générique en or massif.

En effet, quand on a derrière la vitre du studio une légende vivante (Van Dyke Parks fut notamment le parolier de Smile, l’immense album sacrifié des Beach Boys), le producteur le plus couru de la planète (Danger Mouse, what else ?) et l’un des musiciens les plus inabordables et fondamentaux artistiquement parlant (John Cale… John Cale quoi ! le Velvet !! rendez-vous compte), on est dans l’obligation de livrer un album révolutionnaire, transcendant, ou à tout le moins un chef-d’oeuvre. Et bien non, le petit trio londonnien n’en fait qu’à sa tête et embauche trois des plus grands noms de la musique amplifiée comme de modestes employés au service de leur petite PME.

Et c’est exactement cette innocence qui fait mouche. Replica Sun Machine, comme son nom l’indique, enfourne à tout va tout ce qui a fait les succès de la pop depuis 1969 — “Now Til’ 69”, ils le chantent eux-mêmes –, et passe tout ça à la moulinette numérique pour en sortir une musique solaire, addictive, mais sans grande originalité. Les idées mélodiques sont au rendez-vous, les arrangements gourmands sans être boulimiques, et les chansons rondement menées.

Mais alors pourquoi de tels monstres se sont-ils penchés sur un bon groupe, mais en rien meilleur qu’un autre ? La volonté de s’amuser ? Le besoin de refaire surface ? L’envie d’en découdre ou tout simplement de se prouver que l’on est encore modernes ? Si la place occupée par Danger Mouse est légitime tant il sait transformer tout ce qu’il touche en or depuis quelques années — certains passages ici sont clairement de lui, telle la rythmique saccadée de “No Social” –, et aussi parce qu’il est le Phil Spector de ce début de XXIème siècle, on comprend en revanche beaucoup moins ce qui a pu convaincre les deux autres de rejoindre cette aventure tant Replica Sun Machine est tout sauf une bombe — au hasard, Bardi Johannsson fait ça bien mieux tout seul. Soyons francs toutefois, quand on s’amuse à chercher la patte des seigneurs, ce disque devient très amusant (pour un jeu de courte durée, forcément) : ici des parties de cordes idéalement baroques, là un interlude au piano dantesque, soit autant de greffes qui prennent étonnamment bien.

Avouons-le, le mystère demeure entier. Reste un album plutôt agréable, par moments brillant, parfaitement bien écrit et mis en son, mais qui ne fera pas se lever la nuit le plus lointain fan de (au hasard) Bang Gang. Et surtout un album au générique qui ressemble bien plus à un casting bankable qu’à la réunion de trois cerveaux hors du commun autour d’une musique inouïe.

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