Joyliner n’est pas un groupe de bavards. Cinquième EP en dix ans d’existence, ce qui pourrait ressembler pour de la fainéantise ou pire, un manque d’inspiration, n’est autre qu’une passion indéfectible pour la quête du son parfait, de la chanson qui tue et du set qui ravage. Et pour le coup, on ne peut taxer les quatre parisiens de bâcler leur boulot. Les cinq titres de ce N.A.I.L. incendiaire n’ont pas grand chose à envier, côté son, aux meilleurs morceaux de leurs références affichées Posies ou R.E.M.. Les chansons, quant à elles, n’apportent rien de nouveau au débat, revêtues de grosses grattes, de rythmiques qui cognent, et de mélodies directes ; mais cela ne les empêche pas de frapper juste, ne passant pas par quatre chemins pour cracher leur fiel ou au contraire livrer leur suc. Les plus grincheux diraient de cette musique qu’elle est passe-partout et ils n’auraient pas tort ; les thuriféraires, eux, avanceraient plutôt une sincérité à toute épreuve et un amour du jeu carré qui ne souffre aucune erreur technique, et ils n’auraient pas plus tort. Finalement, de cet entre-deux ressort un disque de série B de fort belle facture, réjouissant à plus d’un titre mais qui ne marquera pas durablement le cortex de tout amateur de pop-rock ciselée qui baigne dans son jus depuis de longues années. Saluons donc ce qui passe désormais pour une farouche indépendance, à savoir jouer avec autant de bonheur une musique à contre-courant total des modes et des poses actuelles. Et apprécions ce son parfait, sculpté au mythique studio angevin Black Box sous la houlette de Peter Deimel (dEUS, HushPuppies, Chokebore…). De ces cieux que l’on a connus moins cléments pour des groupes aussi modestes que Joyliner – et ceci n’a rien d’une insulte.

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