L’année dernière, on découvrait avec bonheur le premier album de MoMo, A Estética do Rabisco, une merveille de pop-folk brésilienne inusable, bricolée dans une chambre à coucher entre amis, à la fois fragile et solidement amarrée à un songwriting ancestral. Enregistré à Rio de Janeiro dans des conditions similaires (auto-production sans prétention mais en rien je-m’en-foutiste), Buscador est la preuve vivifiante que de chiches moyens ne sauraient être un obstacle à la qualité musicale, surtout lorsque la créativité domine les débats. Certes, à présent en terrain connu, les morceaux de Marcelo Frota sonnent d’emblée familiers, attisent davantage le plaisir de la reconnaissance que l’étonnement. Demeure en effet sur ce second opus cette prépondérance accordée à la mélodie et aux harmonies qui distillent une lumière d’hiver apaisante. Tout comme cette facilité à transcender des chansons griffonnées sur un bout de papier par le biais de touches sonores et d’ajouts instrumentaux judicieux qui en font aussitôt de précieux instantanés, petits miracles de pop élégiaque enchaînés sans discontinuer avec beaucoup de sensibilité (pour ne citer que deux délicatesses instrumentales, retenons la trompette pétillante sur “Bonita” et le subtil bandonéon associé à un discret choeur masculin sur “O Espinho Desaguo”). L’absence de préméditation des musiciens, invités à jouer aux côtés de Marcelo Frota sans connaître au préalable la nature de ses compositions, n’est sans doute pas étrangère à ce sentiment, fort agréable au demeurant, de tenace fraîcheur qui domine tout au long de Buscador, oeuvre pourtant empreinte d’une profonde tristesse. Sur “Seu Amor”, le dernier morceau, avant qu’un “Fin” instrumental ne referme sur la pointe des pieds un album presque trop court, une voix féminine (Mayra Mas) se conjugue au chant de Frota à la manière d’un amour enlacé à qui l’on peine à dire adieu. Cela dure un peu plus de deux minutes, et ce sentiment de résignation qui se dégage d’une batterie traînante, dernière course au ralenti, est bouleversant. Encore une fois, l’art de dire beaucoup avec peu.

– Le site de MoMo (téléchargement gratuit du disque ou pour 5$, il les vaut bien !)
– Sa page MySpace