Longtemps investi dans divers projets sonores, François Tarot défend enfin son premier album. Treize pistes au charme accidenté, empruntes d’humilité.


Son nom ne vous dit peut-être rien, mais François Tarot n’a rien d’un débutant. Il s’est notamment démarqué sur le site Le son du mois, magazine qui déclinait à l’envi les expérimentations autour de prises de sons diverses : découpage, détournement, mise en musique — sobrement intitulée « chantages ». François Tarot a eu par exemple l’occasion d’y orchestrer, avec beaucoup d’humour et de légèreté, des petites annonces vocales laissées sur son répondeur.

Côté discographie, le jeune François a embrassé des trajectoires connexes, papillonnant successivement de la composition aux arrangements. On l’a vu ruminer sa rancoeur contre un certain F.A.I. désormais posthume (« Tiscali tu m’as tué ») ; puis musicien du dimanche en charmante compagnie (Journal Chanté en duo avec Syrine Z. sous le nom de SF) ou arrangeur désinvolte du vendredi pour Arne Virzon, Dans les bulles tu disparais (2000). La jeune fille dans sa chambre, premier album produit avec des moyens dignes de ce nom, permet à son auteur de se recentrer sur ses aspirations. À nous de découvrir finalement, au fil de ces treize chansons, qui est vraiment François Tarot.

Et c’est visiblement un chanteur sensible et plein d’esprit qui se livre à notre curiosité. Avec des orchestrations bien pensées, il égrène les saynètes issues du quotidien d’un jeune homme timide qui ne s’avoue jamais vaincu. Tantôt «son propre coach», comme il se définit lui-même avec malice dans “La Boxe”, ou amoureux maladroit «qui a longtemps caressé plus de chats que de femmes» (“Bobec”), il y a dans les chansons de François Tarot une sincérité indéniable et touchante, qui saura entrer en résonance avec nos propres expériences du quotidien, tour à tour lumineuses ou cruelles. Les mots, certes simples, sont toujours choisis, qu’ils servent une comptine à l’humour caustique (“Certes, Certes”) ou une chanson euphorisante, parfaite pour les matins difficiles (“La Boxe”).

Bientôt se dessine en filigrane un ensemble de références tantôt effleurées, tantôt explicites. Le passé philosophique de ce jeune homme dans sa chambre, qui convoque Pascal et Hegel, ou les références à la chanson française — de Dominique A à Christophe, convoqué sur un interlude planant, tout orgue dehors (“L’Humanité Est une Salope”) — sont autant de pistes possibles pour aborder François Tarot. Parfois, quelques escapades aux allures tziganes, par l’entremise des cordes ou des instruments à vents, font irruption et élargissent un peu plus notre horizon, comme sur “Une Vie de cheval”.

En guise de clôture sur “Adieu Gorilles”, François Tarot annonce fièrement la couleur : « j’ai choisi mon camp : les chats, les gosses, les frêles créatures ». Au vu de ce premier album attachant, cet aveu d’humilité lui va comme un gant.

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