Troisième disque pour le quartet américain de The Nu Band, fondé en 2003, et pas le moindre signe de paresse ni d’essoufflement. Bien au contraire, précieuse devient cette association de fins aventuriers à la mémoire vive — Roy Campbell Jr. (trompettes, bugle), Mark Whitecage (saxophone alto, clarinette), Joe Fonda (contrebasse) et Lou Grassi (batterie). Charlie Parker, d’abord en lieu et place sur la pochette, puis salué sur un premier titre éponyme en forme d’hommage fertile, indique une filiation étendue jusqu’aux quartets d’Ornette Coleman et Sonny Rollins. Les sept compositions déclinées, toutes d’essence originale et parfaitement charpentées, gravissent ainsi des sommets bop, parfois par leur face hard, débouchant sur des contrées chatoyantes et expressives libérées par la fonte des années. Telle “The Last of the Beboppers”, programmatique en diable, signée Lou Grassi, qui s’octroie pour l’occasion un finale solitaire alerte, où la précision des impacts, l’assurance du geste juste ne saurait éclipser, aussi, la syncope extatique. Et les autres plages de Lower East Side Blues d’être au diapason de ce bonheur conquis à revers du temps, y compris lorsque la cadence se fait plus douce et mélancolique : superbe pièce “Heavenly Ascending”, ouverte et refermée au son de l’archet laconique de Joe Fonda, un frais clair-obscur bientôt suivi d’un dialogue lumineux de cuivres, percé d’échappées belles (Roy Campbell Jr. au premier chef), de débordements free, d’accélérations enchantées. À travers cette façon sereine et enjouée de se coltiner aux restes d’une l’histoire encore en train de s’écrire, The Nu Band cultive une manière d’utopie aux antipodes de la tendance pernicieuse au revival. S’invente bel et bien ici une musique de groupe qui s’aventure moins à singer le passé qu’à fêter des retrouvailles.

– Le site de Orkhêstra
– Le site de Porter Records

– En écoute : « The Last of the Beboppers »