Un disque doit-il être porté aux nues pour les références qu’il convoque lorsque ces dernières sont du genre intouchable ? Ou convient-il plutôt d’analyser l’objet pour ce qu’il est, à savoir une création musicale ? Le trio brooklynois est-il la meilleure chose qui soit arrivée à la pop depuis My Bloody Valentine et Cocteau Twins, deux modèles systématiquement alignés quand il s’agit de parler d’Alpinisms, leur premier album ? Assurément non. Certes, la dreampop élaborée ici est stratifiée, chamarrée et souvent insaisissable. Mais la maîtrise des appareils électroniques et des harmonies vocales ne suffisent évidemment pas à créer une bonne musique. Il suffit pour s’en convaincre d’écouter n’importe quel album d’Archive post-Londinium ou les quatre dernières livraisons de Björk, toutes plus pénibles et boursoufflées les unes que les autres. SVIIB (initiales résumant le groupe) confond ainsi joliesse et sensibilité, aligne tous les poncifs de la dreampop sans recul, et verse dans une espèce de mixture néo-bab’ idéale pour IPod trendy. Insuffisant pour convaincre. Certes, il faut reconnaître à Ben Curtis et aux jumelles Deheza, Claudia et Alejandra, un éclectisme évident quant à leurs sources d’inspiration qui dépassent le shoegaze et la pop lyrique : rythmes tribaux, drones fureteurs, vocalises cheezy. Mais tout cela est bien maigre, l’ensemble donnant un disque bien plein mais sans saveur, et même assez laid par moments, et ce malgré un nombre d’écoutes supérieur à deux. Un disque de défilé de mode ou de générique météo, qui risque de bien vite s’écrouler sous les assauts du temps.

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