Quand elle ne collabore pas avec Mùm, Jóhann Jóhannsson, Pan Sonic ou encore Hafler Trio, la celliste Hildur Guðnadóttir crée des mondes sonores fragiles. Traversés par des non-dits, ces mondes ne portent pas moins en eux le poids des souvenirs, une sensibilité pour les grandes structures. Or ces dernières ne sont pas pensées comme de simples superpositions de couches sonores : Hildur Guðnadóttir les brise, les disloque pour mieux les recomposer. Chez elle, le classicisme est toujours pensé avec son ouverture. Cela donne lieu à une forme organique, presque aérienne comme peuvent l’indiquer également les titres des morceaux : “Into Warmer Air”, “Whiten”, “Aeter”, “Ascent”, “Circular”, “Elevation”. Malgré le fait que sa palette sombre révèle des lueurs parfois éclatantes — “Erupting Light” ou encore “Opaque” en témoignent –, c’est toujours à travers une harmonie inquiétante que ces lueurs font surface. L’album place celui qui l’écoute dans un état d’incomplétude et d’éveil, toujours partagé entre la forte trace que les notes laissent dans l’esprit et leurs aspects éphémères qui pourtant les caractérisent. Ces notes forment une sorte de corps avec ses mouvements d’inspiration et d’expiration. Rares sont les artistes comme Hildur Guðnadóttir capables d’insuffler littéralement la vie à leurs musiques. Avec Without Sinking, la violoncelliste propose une matière musicale fluide, élégante et d’une remarquable préciosité.

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– En écoute : « Erupting Light »