Que penser de ce « produit marketé » ? Oui, car faisant abstraction du battage surmédiatisé lancé par quelques prétendus précepteurs culturels autour de ce premier album des new-yorkais Passion Pit, Manners se veut une machine programmée pour en mettre plein la vue. Un feu d’artifice du 14 juillet, surenchérissement de rebondissements et de ficelles mélodiques prêts à vous en faire voir de toutes les couleurs. Un épais cahier des charges assuré avec l’aide du producteur psychédélique Chris Zane (Asobi Seksu, Rogue Wave), les mini symphonies de Michael Angelakos, prodige touche-à-tout de 22 ans, servent un panaché de mélodies solaires et de gimmicks électroniques plutôt désaltérant. Hélas surproduites, ces frizzy pazzy claquent mais manquent un peu de goût, ou plutôt d’âme. Dommage car ce soin maniaque porté aux arrangements nous a tout de même poussés, dans le doute, à remonter à la source du premier EP paru un an plus tôt. Boosté par une boîte à rythme de néanderthal et un budget serré comme une chambre de bonne, le Chunk of Change EP, effectivement, attestait que le jeune homme possède un sens aigu du refrain indélogeable — attention tout de même à ce chant sous hélium qui pourrait à la longue irriter les fréquences ultrasons de notre clébard. Tout bien reconsidéré, sans être le génie annoncé, Manners recèle une poignée de pop songs synthétiques détonantes : “Let Your Love Grow Tall”, “Moth’s Wings” et surtout “Little Secrets” et ses choeurs « juvéniles » échantillonnés qui a tout du proto tube en puissance. Sur “The Reeling”, il est évident qu’Angelakos veut se frotter aux Pet Shop Boys (pas de problème, on les aimait bien), mais glisse un peu trop sur le dancefloor pour être honnête… C’est peut-être là le défaut de Passion Pit : un talent évident de mélodiste mais à trop vouloir nous aguicher, on finit par se méfier.

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