Le rock se marie assez mal, dans l’opinion publique, avec le romantisme cru. On parle de punk-rock, pop-rock, de post-rock, de rock indus, de hard-rock, de soft-rock à la rigueur (pas forcément un compliment, d’ailleurs), mais pas de rock romantique. Il y aurait pourtant de quoi dire. Chaque album des grands The National possèdent au moins une ballade littéralement romantique, Coldplay en a fait une marque de fabrique, Radiohead y a largement puisé, et même en marge de nombreux noms ont marqué ce domaine — The Unbelievable Truth, Venus, Ozark Henry. Ceci s’explique notamment par le fait que d’autres ont régulièrement galvaudé le genre, en se fondant dans un consensus irréversible qui rimait bien plus avec succès qu’avec intelligence. Résultat, le mot romantisme sonnerait presque comme un juron dans la pouponnière rock’n’roll d’aujourd’hui. Ce qui n’empêche pas les Australiens de Charge Group d’offrir un joyau du genre. Avec peu d’effets et énormément d’attention pour la composition. La guitare de Matt Blackman se lance dans une danse éternelle avec le violon de Jason Tampake, ouvrant des vallées vierges à la voix voltigeuse du premier. Mélodies étirées, liserons de cordes, rythmique de satin, tout ici respire l’oxygène pur et invite à ce que d’aucun appellerait un voyage immobile. Évitant brillamment l’écueil de la musique gnan-gnan, Charge Group élabore patiemment la bande son de la mélancolie du nouveau siècle, n’hésitant jamais à verser dans un post-rock étonnamment opportun. Finalement, on a beau le rejeter, le romantisme réussit à se faufiler partout, et peut même à l’occasion faire l’objet d’un beau disque moderne.

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