Il y a de fortes chances que nous assistions en direct aux premiers pas d’un succès planétaire. Pensez donc. Un duo danois mené par une bien jolie blonde à la voix sucrée, Mette Lindberg, une pop ultra catchy mâtinée de psyché-funk et de soul charnelle arrangée sauce Protools, un gros carton publicitaire pour un baladeur hi-tech (iTech ?) et des concerts qui font mouche. Rajoutez à la sauce un univers graphique ultrapsyché et terrrrrrrrrriblement must have, voilà la potentielle future excuse musicale de l’hebdo que j’adore piquer à ma femme, Elle. N’empêche, nos sarcasmes de vieux blasés (enfin, je parle pour moi) n’enlèvent rien aux qualités intrinsèques de Fruit, ce premier album efficace et accrocheur, bien léché et très érudit. Voilà au contraire un disque que l’on glisse dans le grille pain un sourire carnassier aux lèvres et que l’on hésite à retirer à la fin, tant l’évidence mélodique, la production rugueuse et le chant irrésistible font de ce premier album un vrai fruit défendu pour lequel on fond sans hésitation. L’autre moitié, Lars Iversen, se révèle même un sacré instrumentiste, jonglant sans ambages entre instruments à cordes et clavinet, n’oubliant pas au passage de diriger une section de cuivres puissante et de programmer ses boucles avec un seul objectif, la sudation. A l’exception de la reprise totalement stérile du renversant “Inner City” de Marvin Gaye (présente en version bonus), Fruit délivre son goût acidulé et sucré à grands flots et demeure longtemps en bouche, révélant même à l’occasion quelques tubes taillés pour le trône des Maîtres de l’univers — “Crazy”, qui renvoie au classique Who Can You Trust ? de Morcheeba, “The Golden Age” qui taille des croupières à Lily Allen, ou encore “Around The Bend”, de la veine de carton visible ci-dessous. Un plaisir fugace que l’on aurait bien tort de se refuser.

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