Alors que le séminal premier album des Stone Roses fête ses vingt ans d’emprise sur la brit pop, son célèbre chanteur sort son sixième album solo, enfin convaincant. Il était temps ! Rappel des faits : la même année que la dissolution du mur de Berlin, un album enregistré par quatre purs produits working class de Manchester parvenait à faire exploser les barrières de la pop en révélant un son psychédélique et dansant novateur. Mais la révolution Rose(s) fut hélas de courte durée, deux albums et puis la fierté de la Couronne britannique s’en est allée. La carrière solo de Ian Brown n’a quant à elle jamais vraiment suscité de passion de ce côté-ci de la Manche. Bien conscient qu’il ne retrouvera jamais un guitariste de la trempe de John Squire, Ian Brown s’est très vite orienté vers des sonorités synthétiques perpétuant sans éclair de génie l’esprit Madchester dont il fut la figure charismatique. Contre toute attente, cette seconde bouture avec le producteur Dave McCracken (dEUS, Depeche Mode) prend bel et bien. My Way contient une bonne moitié de morceaux mémorables, dont deux véritables tueries. Après une mise en bouche lorgnant vers les rythmes club Rn’B mi-figue (le poussif “Crowning Of The Poor”) mi-raisin (l’efficace single “Stellify”), la véritable bombe est logée à la troisième plage : “Just Like You”, un beat assaillant, des trompettes victorieuses et le flow intrépide du King Monkey totalement jubilatoire. Deuxième vertige, “Always Remember Me”, une ballade atmosphérique co-écrite avec le musicien japonais Naoto Hiroyama (Orange Orange) sur laquelle son chant pris en apesanteur ne nous avait pas fait frissonner ainsi depuis… Autre choix de bon aloi, une reprise fidèle du chef-d’oeuvre hispanisant de Zager & Evans (« In The Year 2525″) qui ne manque pas d’épices. Certes, My Way contient aussi son lot de tentatives vaines, comme ce “Marathon Man” très nineties qui nous ferait presque regretter de ne pas se faire arracher une molaire plutôt que de subir ça. Mais s’il y a bien quelque chose qu’on ne peut enlever au grand Brun, c’est sa gouaille qui a conservé intacte toute sa jeunesse et sa belle désinvolture. Il n’y a pas de secret si l’homme a survécu à Oasis, The Charlatans, The Music et bien d’autres…

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