Benoit de Villeneuve est un touche-à-tout, au sens premier du terme. Dans un continent, l’Europe, et notamment en France, où tout doit être catégorisé, difficile de faire son trou en assumant un grand écart tel celui exercé entre M83 et Christophe Willem. Pourtant, il faut bien l’admettre, quand le succès est au rendez-vous, c’est souvent la preuve d’un vrai savoir-faire. Ce deuxième album atteste pleinement de cette capacité chez le Belge à manier les langues et mutualiser les styles. Dry Marks Of Memory est un disque fureteur, aventurier, creusant du côté de l’electro azimutée, telle celle fabriquée à Versailles à la fin des années 90, et la pop la plus avenante, n’oubliant jamais de courtiser les contrées défrichées par son maître à penser Brian Eno. Le grand soin apporté à la production rappelle les belles aventures de l’inestimable Perio ou du précieux Ozark Henry. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ce dernier vient traîner sa si belle voix sur “Yours and Yours”, l’une des plus belles réussites de l’album. Car non content de manier et modeler l’architecture sonore comme bon lui semble, le musicien est doté d’une plume affûtée et délicate. Plus qu’une musique, Villeneuve tisse des toiles invisibles qui relient entre eux d’immenses lés de soie, portés par une mélancolie fidèle. Dry Marks Of Memory n’est pas un simple album soigné, c’est la promesse d’un ailleurs, plus tard, nouveau et différent, savoureux autant que déchirant. Un très bel effort qu’il convient de saluer et déguster sur la longueur.

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