« I Forget It’s There », nous avoue dès le début de son second album solo Lovísa Elísabet Sigrúnardóttir, alias Lay Low. Sans faire cas de préliminaires, la brune islandaise décoche, à l’entame de ce nouveau chapitre, cette flèche bluesy qui fait bien plus que nous frôler les oreilles. Son timbre si pur s’accorde parfaitement aux différentes nappes du titre (quel piano !) pour mourir dans un choeur évanescent. Comme si l’entame n’était qu’un passage de témoin entre un album et l’autre, le cap change du tout au tout dès le deuxième titre, « By and By ». De sa petite île aux confins de l’Europe, sur le cercle polaire, Lay Low entreprend de ressusciter la country. Venue du pays où se rencontrent littéralement les continents (à Thingvellir se touchent les plaques européennes et américaines), Lay Low, qui a signé sur le label Nettwerk (Great Lake Swimmers, Datarock, Angus and Julia Stone…) a choisi elle aussi de bouturer sa musique, pimentant sa folk de country et d’americana. Une option qui l’éloigne de ses illustres compatriotes : Björk, personnifiant à elle seule une terre où les volcans côtoient les glaciers, et Emiliana Torrini, dans une lignée plus anglo-saxone. Lay Low ne refuse pas son héritage mais n’a pas oublié le post scriptum. Une musique à la « scandinave » (Anna Ternheim, Oluf Arnalds…) biberonnée à l’américaine, entre Loretta Lynn et Pasty Cline. Un western geysers bien à elle, où le banjo répond à la guitare onze-cordes puis s’efface devant le son de la Pedal Steel Guitar (à l’hawaïenne). L’idée séduit, mais la séduction ne dure pas. D’ambitieuses bases sont posées, mais la suite de l’album, malheureusement, peine à tenir ses promesses, malgré quelques fulgurances tels « By and By » ou « Last Time Around ». Le reste est assez répétitif, certaines compositions manquant de moelle et la Pedal Steel devenant un instrument dangereux lorsqu’on l’utilise trop (« Farewell Good Night Sleep », « On My Own », « My Second Hand Heart »…). Si sa voix rattrape parfois le coup, l’ennui guette et l’on regrette déjà les inoubliables lignes de piano d’une entame qui laissera beaucoup de regrets.

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