L’absence de guitare quand on entend ne pas faire d’electro est, au choix, une pose ou un parti pris artistique assez radical dans la pop actuelle. C’est la deuxième option qui fait avancer The Tiny nouvelle mouture, c’est à dire réduit au duo Ellekari Larsson et Leo Svensson sur ce deuxième album pour le moins baroque et lyrique. Produit par Paul Webb en personne — l’ex Talk Talk presque aussi connu sous le joli nom de Rustin Man, patronyme derrière lequel il se cachait au moment de co-signer l’immense Out Of Seasons avec Beth Gibbons –, le nouvel effort des Suédois flotte quelque part entre la ligne d’horizon et les rayons de lune. Une musique irréelle, façonnée autour d’un Wurlitzer, d’un piano ou n’importe quel autre clavier, soutenu par de très discrètes percussions, et admirablement mis en son. Gravity & Grace porte de fait très bien son nom tant le duo offre de la gravité à la grâce et réciproquement. A part un “Last Weekend” un peu pompier en ouverture, il est facile de laisser nos digues céder devant l’expressivité du chant poignant de Ellekari Larsson naviguant sur des compositions denses et pointues, toujours en quête d’un ailleurs. Parfois, on se prend à s’agacer de certains mimétismes avec Kate Bush, mais cette dernière a tellement d’émules aujourd’hui qu’il ne pourrait en être autrement dans cette façon de chanter si appuyée qu’elle a inventée. Quoi qu’il en soit, The Tiny touche en plein coeur et glandes lacrymales avec ces vignettes anachroniques et iconoclastes — le sifflement de “The Man Who Ran” porte en lui tout le charme du disque. Et par dessus tout, les complices démontrent avec délicatesse que la musique a encore pléthore de styles à défricher, qui ne soient déjà codifiés, référencés ou téléguidés. Une vraie réussite.

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– A écouter et regarder : « Last Weekend »