Tirer son nom du premier opus d’Elliott Smith — même s’il n’est pas encore le meilleur — est, pour tout amateur de pop, le genre de petit détail qui ne passe pas inaperçu. Que le verso de la pochette soit labellisé du sceau Fargo, valeureuse antenne americana installée sur les terres reines de la variété, finit de nous convaincre de prêter une écoute à cet album. Musicalement, le clan Matheny — en l’occurrence les frères Skip et Logan, ainsi que Timshe, épouse du second — n’a pourtant pas grand-chose à voir avec le génie de Portland. Sur ce troisième opus, le trio, originaire de Caroline du Nord, roule plein gaz sur les traces d’un rock seventies, dans un road movie américain ensoleillé, lardé de rayons lap steel et d’orgue Hammond. On pense à un Wilco de la première heure, pas encore en première division, mais doté d’une écriture déjà bien charpentée, indéniablement sincère. Le grain nasillard mélodieux évoque parfois la power pop eighties des dB’s, mais d’un Chris Stamey qui aurait troqué sa garde-robe contre les chemises redneck extravagantes de Gram Parsons (« Starting From Scratch »). Le fondateur des dB’s s’accompagne d’ailleurs régulièrement de leur service en tournée. On comprend alors pourquoi le label de Ryan Adams a jeté son dévolu sur cet album, garant d’une certaine idée modernisée de l’americana. Hélas, la production, trop sage, aurait tendance à atténuer la vigueur du groupe, pourtant réputé flamboyant sur scène. Ce qui nous ramène finalement à notre première impression sur l’album d’Elliott Smith : pas encore le meilleur du lot, mais de la graine d’outsider magnifique comme on l’aime.

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– En vidéo « Why Modern Radio Is A-OK » :

Roman Candle « Why Modern Radio Is A-OK » from Lake Fever Sessions on Vimeo.