Comme toute résurrection artistique, celle de Roky Erickson relève du miracle. La vie du légendaire leader de l’ascenseur cosmique The Thirteenth Floor Elevators compte parmi les plus tragiques de l’histoire du rock. Avec son groupe précurseur du rock psychédélique, Roky Erickson a percuté de plein fouet la révolution sixties avec ses premières expériences hallucinogènes. Mais au réveil des années 70, le rêve acidulé vire au cauchemar permanent : son état mental préoccupant le conduira trois ans en hôpital psychiatrique où il subira des traitements par électrochocs (à l’instar d’Iggy Pop et Lou Reed, ça ne rigolait pas à l’époque). Sa carrière devient alors erratique. Quelques albums solos paraissent dans les années 80, notamment pour le label français New Rose, puis c’est la rechute. Le silence radio durera quatorze ans. Alors qu’on l’imaginait finir sa vie reclus tel un Syd Barrett, le survivant a redonné quelques concerts habités en 2005. Et une nouvelle génération de découvrir ce pionnier mésestimé, dont parmi eux l’admirateur Will sheff, d’Okkervil River, ici producteur dévoué et cosignataire de l’ensemble de cet album. De l’eau a coulé sous les ponts, True Love Cast Out All Evil est loin du garage rock allumé du 13th Floor Elevators — c’était déjà le cas sur l’excellent Roky Erickson and the Aliens son premier album solo paru au début des années 80. Aujourd’hui âgé de 63 ans, Roky Erickson chante de sa voix chevrotante et amochée des ballades folk/rock introspectives, somptueusement arrangées par les hommes de main de Will Sheff. On y découvre un revenant exorcisant ses démons, mais balayé de tout voyeurisme malsain. Ses chansons entrevoient la lumière au bout du tunnel. Régulièrement émouvant, voire bouleversant.

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