Lorsqu’il s’agit de choisir ses titres d’album, l’extravagant quatuor de Brighton a toujours cultivé la folie des grandeurs. Leur dernier opus ne déroge pas à la règle : Valhalla…, dans la mythologie nordique, est le lieu désigné où les guerriers valeureux combattent aux côtés du dieu Odin lors de la fin du monde, Ragnarök… Après (donc) le Zeus EP l’année dernière, successeur du magistral Do You Like Rock Music (2008) ? Valhalla Dancehall est-il à la hauteur de leurs ambitions olympiennes ? Hélas, le résultat est en demi-teinte. A l’instar de And You Will Know Us By The Trail of Dead, British Sea Power ne craint pas d’insuffler à ses hymnes post-punk une dimension épique voire onirique, jusqu’ici sauvée de l’emphase par une ferveur emportée à toute épreuve. Or, il semblerait justement que la folie soit restée à quai cette fois. En conséquence, ce manque de vigueur n’évite pas l’écueil de la bravade rock balourde, significative sur le single « Living is so easy ». The Decline Of The British Sea Power, tel qu’ils le prédisaient déjà en 2003, aurait-il déjà sonné ? Ne nous avançons pas trop vite, entre quelques pertes de vitesse, Valhalla Dancehall recèle encore certains restes dignes de la splendeur passée du quatuor : l’intro rock dévastatrice de “Who’s In Control”, la belle comète pop « Georgie Ray », inspirée par George Orwell et Ray Bradbury, et quelques autres odyssées atmosphériques du plus bel effet. A fortiori, un groupe qui cite, sur le même disque, le poète dadaïste Kurt Schwitters, Playboy Magazine et Henri-Georges Clouzot, n’a forcément pas encore tout dit. Reste également la scène, terrain de bataille où British Sea Power déçoit rarement.

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– En écoute, « Who’s In Control » :