Tandis que les 20 ans de Nevermind sont célébrés ces jours-ci en grande pompe, c’est toujours sur le label historique Sub Pop que se dégote en 2011 le plus pertinent héritier du célèbre trio de Seattle.


Tandis que les 20 ans de Nevermind sont célébrés ces jours-ci en grande pompe, c’est toujours sur le label historique Sub Pop que se dégote en 2011 le plus pertinent héritier du légendaire trio emmené par Kurt Cobain. Si Male Bonding sévit également dans la catégorie « power trio noisy », ce n’est toutefois pas dans le giron (jadis) grunge de Seattle que nous les avons géo-localisés mais, ô surprise, dans la banlieue de Dalston, au nord-est de Londres. Distingués l’an dernier avec un premier album suintant l’urgence, John Arthur Webb (guitare/voix, ex Pre), Robin Silas Christian (batterie, ex Pre), Kevin Hendrick (basse/voix, ex Seafood) consolident brillamment leurs fondations sur ce deuxième opus, Endless Now. La mise en place tout particulièrement a été soignée, fort de l’expérience du sage John Agnello – producteur du dernier Kurt Vile, mais surtout réputé pour avoir (presque) dompté sur bande studio les déflagrations noisy de Dinosaur Jr.. Male Bonding subit à son tour le même traitement de faveur : l’attraction des pôles contraires entre un phrasé vocal éthéré, limite nonchalant, superposé aux accélérations turbo-nucléaires de la section instrumentale, donne à entendre quelques étincelantes collisions punk/pop. L’ombre de feu Nirvana influe sur notre jugement en ces temps de commémoration, mais pour être honnête, il faut remonter jusqu’à REM et le combos de Jay Mascis (vénérés aussi par Kurt Cobain) pour se rapprocher de la symbiose mélodique qui s’agite là-dessous. On pense aussi aux oubliés The Connells, fins limiers des College Radios 80’s, pour la voix soyeuse de John Arthur Webb. Si la formule se veut éthiquement redondante (on note quand même l’apport d’un piano et d’un cello sur « The Saddle »), force est d’admettre que les douze compositions s’ingurgitent d’un trait. Certaines faisant même quelques beaux ravages – « Before It’s Gone », « Tame The Sun », le terrassant « What’s that Scene ». En fait, sous cette franche camaraderie (« Male Bonding ») binaire, se cache trois cœurs tendres.

– Page Male Bonding chez Sub Pop