The Xx, ou l’art du son juste.


Formés sur les bancs du lycée par Romy Madley-Croft (Chant-guitare), et Oliver Sim (Chant-Basse et coupe de cheveux façon Indochine) puis rejoints par Baria Qureshi (Synthétiseurs) et Jamie Smith (Synthétiseur-machines) The Xx frappèrent tendrement la majorité des critiques en 2009 avec leur premier album, éponyme, par leur sens du son et de la mélodie sans fioriture. Car il n’y a rien à cacher ici, nul besoin d’en rajouter. C’est peut être pourquoi le départ de Baria Qureshi n’a pas été compensé, un peu comme si chez The Xx, le moins, c’était le plus. Bien que s’adaptant peu aux standards médiatiques actuels, « The Xx » accoucha de quelques tubes tels « Crystalised », « Vcr » ou encore « Infinity », tous conçu sur le même modèle, musique douce et trippante, son sirupeux mais curieusement pas écoeurant, voix juvéniles, guitares qui résonnent et rythmiques synthétiques rapellant les années 80. Des compositions langoureuses, à intégrer dans vos playlists de premier rendez vous à domicile.

Un nouveau sous-genre musical était donc né, sorte de Twilight pour les grands, et on se demandait si The Xx allait devenir un nouveau Radiohead, groupe qui invente et se réinvente sans cesse, en poussant toujours plus loin son processus créatif. soyons honnêtes: ce n’est pas le cas. Coexist s’inscrit dans la même veine que « The Xx » (« Chained », « Fiction », sur lesquels les voix de Romy et Oliver s’entrelacent de nouveau), quoi qu’encore plus léger, dépouillé (« Unfold »), comme si, conforté par le succès de leur première offrande, les membres du groupe s’étaient un peu plus laché dans leur vision d’une pop romantico-planante, sans peur et sans honte. Et il en fallait du culot pour composer cette musique avec des textes aussi mièvres d’amours impossibles, avec au choix: « My heart is beating, in a different way », « They will be as in love of you as I am », « You live with the tide, and I can’t stop you leaving, I can see it in your eyes »… mais si bien réalisée que même Chuck Norris pourrait dire sans rougir qu’il s’en émeut. Mention spéciale à « Angels », régulièrement testée sur scène, entrée en matière brutale par sa douceur, celle de la voix de Romy parfaitement mise en valeur par une composition maîtrisée malgré une forte dose de reverb, et à « Tides », titre au tempo basse/batterie terriblement entraînant, sur lequel nos deux voix semblent ne plus pouvoir se quitter.

Encore plus épuré que son prédécesseur (allant jusqu’à ponctuer certains morceaux par des silences), « Coexist », touche par ses arrangements, fait se dresser le poil à chaque grattement de corde, nous transporte dans son monde mi sombre mi rose-bonbon, et se pose ici comme un sérieux concurrent aux acupuncteurs et autres salons de massage relaxant. Et si on se demande comment cela est possible avec une musique aussi minimaliste, c’est peut être parce qu’ils ont simplement décidé de chercher… le son juste.

The xx – « Angels »