Nous n’avons pas eu le courage de lire le roman de 165 pages écrit par Conrad Kelly censé ne faire qu’un avec ce huitième album de Trail of Dead…


Nous n’avons pas eu le courage de lire le roman de 165 pages écrit par Conrad Kelly censé ne faire qu’un avec ce huitième album de Trail of Dead. Au risque de décevoir le leader texan à casquettes multiples (multi-instrumentiste, dessinateur et romancier), ses albums concepts sur fond de récit sociaux-fantastique nous dépassent un peu, pour rester poli. On se contentera juste de savoir que la trame de l’histoire est un voyage initiatique en forme de préquelle à Tao of the Dead, précédent opus paru l’an dernier. Et que le vengeur « Up to infinity » se penche sur la guerre civile syrienne et serait dédié aux punkettes russes Pussy Riots. Ces deux derniers points nous parlent davantage pour s’imprégner du climat d’insurrection qui se trame dans nos écouteurs. Lost Songs n’est certainement pas un album de chutes de studios – on aurait pu le redouter, son prédécesseur ne date que de 2011 – mais bel et bien treize nouvelles bravades prog-punk, remontées à souhait. Contre toute attente, les quatre preux chevaliers d’Austin signent même leur effort le plus « rock dur » à ce jour. Pour l’heure, les arrangements fastueux/symphonique coutumiers depuis Worlds Apart (2005) se font discrets, laissant aux guitares le champ libre pour monter au front ! C’est peu dire que les riffs sifflent dans tous les sens sur les furieux et fugaziens « Catatonic » et « A Place to Rest », ainsi qu’en ouverture la fracassante triplette post-hardcore propulsée par la batterie phénoménale de Jason Reece. Cette radicalisation (ou épuration ?) bienvenue du son permet surtout de mesurer à quel point Trail of Dead n’a pas besoin d’édulcorer ses compositions pour sonner monumental, l’électricité et la ferveur qui impulsent leurs morceaux s’en chargent allègrement. A une exception près, l’onirique et réussi « Awestruck » joue davantage dans de subtiles nuances pop. Alors quand bien même, « Lost Songs » n’a pas la variété du chef-d’oeuvre Source Tags & Codes (qui fête ses dix ans !), il n’a rien à lui envier question intensité et décharge électrique. Et d’offrir par la même occasion une idée de la puissance scénique dantesque de cette formation, endurante – malgré quelques haut et bas discographiques ces dernières années. Décidément toujours hors-norme.

AND YOU WILL KNOW US BY THE TRAIL OF DEAD – « Catatonic »