On culpabiliserait presque d’avoir jadis tant adulé Pinback et se surprendre à tant manquer d’enthousiasme à l’écoute d’ »Information Retrieved ».


On culpabiliserait presque d’avoir jadis tant adulé Pinback et se surprendre à manquer d’enthousiasme à l’écoute d’Information Retrieved. Pour tout avouer, le successeur d’Autumn of The Seraphs n’est pas à la hauteur de la discographie jusqu’ici irréprochable du duo de San Diego. L’attente de cinq ans aurait peut-être tendance à exacerber nos sentiments, mais tout de même, quelque chose cloche à l’écoute de ce cinquième opus de Pinback. Le mitigé concert parisien donné en novembre 2011 nous avait déjà fait émettre quelques réserves sur la santé du chanteur/guitariste Rob Crow : Sa performance plutôt approximative – en regard de sa consommation impressionnante de demis ingurgités tout au long de la soirée – ne l’empêcha pas de se lancer dans une danse improvisée plutôt… risquée. La situation en devenait presque drôle. Heureusement, Zack Smith, sauva les apparences, comme toujours impeccable et d’une patience admirable envers son laborieux acolyte… Parenthèse refermée. Le plus déconcertant est ce sentiment de bis repetita qui traverse Information Retrieved. Non pas que l’album soit un fiasco, simplement, son manque d’ambition est difficile à digérer venant d’un groupe si important. En prenant un peu de recul, Autumn of The Seraphs (2007) recyclait déjà les idées de Summer in Abbadon (2004), mais se distinguait encore par des compositions à la finesse mélodique absolue. Or, le cahier des charges sur ce cinquième opus est tristement calqué à ses deux albums prédecesseurs. Il semblerait bien que Rob Crow soit à court d’idée. La basse virtuose et les harmonies vocales de Zack Smith se trouvent quant à elles inexplicablement diluée dans le mix. On abuse de cet entrelacement d’arpèges guitare/basse qui faisait toute la singularité du duo, devenue désormais une signature confortable… Seulement, quand certaines formules deviennent systématiques, alors la magie perd progressivement de son éclat. Considérer que la seule nouveauté du disque est l’usage de distorsion sur les refrains (« Denslow », « You Idiot ») serait plutôt à notre sens un pas en arrière vis à vis d’un groupe qui jusqu’ici contournait avec audace les options de facilité. Information Retrieved n’est même pas désagréable, et s’écoute d’une traite… distraite. Certes, il demeure quelques bonnes chansons, mais il n’y a pas de « grandes » chansons. On sauvera le single « Proceed to Memory », « Drawting » et « Sediment », à la belle mélancolie en de fin de route. Mais ce n’est pas suffisant pour enlever ce goût amer dont on a bien du mal à se défaire tout au long d’Information Retrieved : l’indifférence.

Pinback « Sherman »