Folk crépusculaire. La description ne saurait coller mieux à l’identité musicale des américains The Minstrels, duo trop discret de Rochester.


Folk crépusculaire. La description ne saurait coller mieux à l’identité musicale des américains The Minstrels, duo trop discret de Rochester (Etat de New York). Six ans en arrière, nous étions éperdument tombés sous le charme de cette voix au lyrisme écorché – celle de son leader Jeff Curtin en l’occurrence, songwriter il va de soit possédé – révélée sur un premier album de folk noir et décharné, Our Cruel Demise (Klem North records). Secondé par l’indispensable fée luciole Lauren Bohrer (chant, piano, scie musicale…), Jeff Curtin dégageait une présence inouïe, sorte de Tim Booth théâtrale de la première heure (période Stutter), en plus ténébreux. Pour se faire pardonner d’une si longue absence, nos bardes sédentaires, jusqu’ici adeptes des productions artisanales, sont sortis de leurs vieilles habitudes pour enregistrer ce second album en cédant au confort d’un studio professionnel. Le pouvoir de leur sorcellerie s’en est accru, distillant ainsi sur les accords boisés de Now We Travel Broken des arrangements gothique mieux étoffés avec le renfort d’un accordéon, d’une superbe scie musicale, et de claviers fantomatiques. Dès les arpèges délicats et mystérieux de « Away From », le spectre vocal de Lauren Bohrer, fait toujours office de contrepoids parfait et lumineux à la voix plaintive de Jeff Curtin. La douleur est toujours aussi aiguë, particulièrement sur « Unpardonable » et le morceau qui donne son titre de l’album. Et pourtant, même au fond du trou, surgit çà et là des failles de lumière rédemptrices – les merveilleux « Christina », « Follow You Into The Rain », « Throu the Silence ». Greg Curtin est de ces songwriters qui pansent leurs blessures à l’air libre, pour notre plus grand réconfort. Quelque part entre la crudité d’Arab Strap et la folk lacrymale de Michael Chapman, les amateurs s’y retrouveront certainement.


En écoute : « Away From »