Déjà fin orfèvre de l’indie pop artisanale du temps des précieux Calc, le bordelais Julien Pras, s’échine désormais en solo à poursuivre une quête noble et ambitieuse : atteindre la perfection des productions pop/folk d’antan.


Déjà fin orfèvre de l’indie pop artisanale du temps des précieux Calc, le bordelais Julien Pras, s’échine désormais en solo à poursuivre une quête noble et ambitieuse : atteindre la perfection des productions pop/folk d’antan (Beatles, Nick Drake, Harry Nilsson…). Sur son très accomplit premier album, Southern Kind of Slang paru en 2010, le songwriter poussait cette obsession du détail à un niveau devenu trop rare chez nos contemporains, si ce n’est le XO de feu Elliot Smith, quelques disques des Pernice Brothers et les trop rares Cardinal. Puis l’année dernière nous avons retrouvé l’ex Calc méconnaissable, ou plutôt survolté en poids-lourd de la déflagration stoner/cosmique au sein du trio Mars Red Sky ! Comme quoi on peut tout aussi bien choyer les harmonies pop de chambre et la distorsion grasse et épaisse qui tâche – Elliot Smith avait par ailleurs fait jurisprudence dans ce domaine avec le grunge relevé d’Heatmiser. Retour aujourd’hui aux mélodies caressantes et raffinées sur Shady Hollow Circus avec cette fois une touche baroque, voire fantômatique plus prononcée. Sur le successeur son second opus, Julien Pras s’évertue toujours à rechercher la meilleure étoffe (Glockenspiel, mellotron, violons…) qui siéra à ses subtiles progression d’accords ou arpèges mélancoliques (« Angel of Mercy »). Petite concession au modernisme, des claviers atmosphériques, usés avec parcimonie, confèrent aux compositions une teinte onirique. Tel le grandiose « Funeral Mute », à la mélodie élévatrice ou encore la ballade ample et déchirante au piano, « White Lies ». Le filet de voix doucereux de l’esthète (peut-être un peu trop « habillé » parfois, doublé dirons-nous) fait particulièrement merveille sur le feutré « Missionary Run », orné d’une section de cordes aristocratique. On ne saura que trop conseiller ce petit bijoux aux amateurs de mélodies oeuvrant à l’intemporalité, façon « Here, There & Everywhere » ou « Eleanor Rigby ». C’est dire le niveau.