Carrier, cinquième album du séminal duo math/folk (?) de San Francisco, revêt d’un caractère particulier. Le disque est dédié à Chris Reimer, le prodigieux guitariste canadien du groupe pop-avant-gardiste Women, brutalement décédé en 2012.


Carrier, cinquième album du séminal duo math/folk (?) de San Francisco, revêt d’un caractère particulier. Le disque est dédié à Chris Reimer, le prodigieux guitariste du groupe pop-avant-gardiste Women, brutalement décédé en 2012. L’année précédente, suite à la dissolution de Women, Chris Reimer avait rejoint Meric Long (chant/guitare) et Logan Kroeber (batterie) en tournée en tant que troisième membre officiel des Dodos. Durant cette trop courte période, l’apport désormais constant d’une seconde guitare électrique avait considérablement modifié la donne du binôme guitare/batterie (par ailleurs adjoint parfois sur scène d’un quatrième larron aux claviers et vibraphone). Hélas, la grande faucheuse n’aura pas permis au prometteur guitariste Canadien de laisser de traces de son regretté talent de paysagiste sonore dans la discographie de l’oiseau disparu. Mais le fantôme de Chris Reimer est bien là sur Carrier, nous assure le multi-instrumentiste le chanteur/guitariste Meric Long. Car Il a bien fallu combler l’espace sonore laissé vacant par feu l’ex Women. D’où une volonté d’augmenter le volume qui se traduit sur Carrier, par la présence accrue d’une guitare électrique. Les arpèges fauves de Meric Long alliés à sa technique particulière d’auto sampling, conférant depuis les débuts une modernité hors-norme à sa folk, ont ainsi encore franchi un palier. L’usage permanent de la saturation à travers ces infinies variations offre indéniablement de nouvelles perspectives d’expression au duo, et l’entraîne notamment vers d’autres perspectives voire stratégies d’écriture. Cette puissance sonore paradoxalement, accentue le caractère grave des compositions liées au contexte de deuil – les poignants « Stranger » et « Family ». Ainsi, « Confidence », premier inédit filtré sur la toile, redouble d’audace dans ses structures rythmiques étourdissantes, soutenues par le batteur/percussionniste de l’impossible Logan Kroeber et sa science métrique. On admire chez le duo cette aptitude à savoir, retourner à leur avantage les limites imposées par leur configuration serrée, une fois de plus de manière spectaculaire. Point d’orgue du disque, « Relief », augmenté de cuivres, évoque la virtuosité mélodique d’XTC, influence que peaufine le groupe depuis Time to Time. Décidément, ce groupe condamné au duo s’en accommode très bien, grâce à son aptitude à n’avoir de cesse de relever de nouveaux défis (parfois malgré eux)… Le successeur de No Color (2011) élargi encore la palette de cette formation iconoclaste. Indéniablement, s’envisage là un des futurs de la folk musique.


Dodos en concert :

Oct 30 Pitchfork Festival Opening Party, Paris
Nov 02 Noumatrouff Mulhouse
Nov 03 Botanique Bruxelles
Nov 06 La Peniche Lille
Nov 07 Iboat Bordeaux
Nov 13 La Dynamo Toulouse
Nov 14 Le Sonic Lyon, France