Ce sextet canadien originaire de Winnipeg joue les alchimistes pop du futur, avec pour ambition de déclencher un feu d’artifices son et lumière digne du 14 juillet.


A l’instar de Local Natives ou Alt-J, cette formation canadienne emmenée par le jeune stakhanoviste Max Peters fait partie d’une nouvelle génération de groupes désinhibés, qui réconcilient electro-pop avec folk, Hip Hop, R&B moderne, pop symphonique, et moultes surprises… Les frontières des genres sont abolies quand elles ne sont pas carrément redessinées selon leur bon goût (écoutez le stupéfiant mille-feuilles « Just Enough »).

Après deux singles qui avaient placé la barre très haut, « Today We’re Believers » et « Bathtubs », débarque ce premier album sur Nettwerk (également label des Born Ruffians) et d’une durée dépassant allègrement les 65 minutes. C’est dire si le cerveau de Max Peters semble tourner à plein tube(s) et expérimente à tout va, jonglant avec ses claviers anologiques solaires, samples bigarrés en passant par des pads tribalistiques. Cette ébullition créative engendre des collisions inattendue – la pièce montée Hi-Tech « Hold on to the Metal », et son incroyable avalanche de chÅ“urs.
Aussi périlleuses soit-elles, ces figures acrobatiques relèvent pourtant davantage de la récréation harmonique que du casse-têtes impossible : il y a dans la musique de Max Peters une approche spontanée qui persiste, une énergie presque ludique qui fédère.
Sa voix à multiples facettes – Prince côté pile, Thom Yorke côté face – fait le grand saut entre basse et aigu, parfois sur le même morceau (« Nighcrawlin »). Voire même même céder à la mélancolie – « Exodus of the Year », avec ses belles trompettes intrusives. Le sérieux des textes d’ailleurs tranchent avec ces harmonies. Sur « Button Fumbla », les bonnes ondes mélodiques et surtout les effets de modulations sur les vocaux, vont jusqu’à nous évoquer d’autres architectes experts en la matière, Passion Pit.

Evidemment, en regard de la somme de sons à assimiler, la quatorzaine de titres aurait mérité d’être élagué d’un bon quart d’heure. Mais une fois le tri personnel opéré, Today We’re Believers en impose sérieusement. Dernier atout qui fait pencher la balance, le sextet met un point d’honneur à trimbaler sur scène tous ses instruments, en jouant sans la moindre bande préenregistrée. L’idée nous plait bien, à l’heure où la plupart des groupes ne font plus cet effort-là. Avec Today We’re Believers, on veut bien croire aujourd’hui en Royal Canoe.