Il y a bien longtemps que la carriole de Ben Bridwell n’avait pas suscité autant d’enthousiasme de notre part.


Il y a bien longtemps que la carriole de Ben Bridwell n’avait pas suscité autant d’enthousiasme de notre part. Il faut dire que les fantastiques chevauchés électriques des deux premiers albums Everything all the Time (2006) et Cease to Begin (2007) ont par la suite virés au gentil trot country rock. Plus précisément, lorsque Band of Horses est devenu un groupe démocratique à part entière, élargissant son spectre de contributeurs mais réduisant aussi en chemin la part d’étincelle de son leader – confirmé dernièrement sur le bien maussade Mirage Rock (2012). Ce témoignage live enregistré à Nashville et tiré d’une tournée « unplugged » (« débranché » comme on disait jadis) entamée l’an dernier, revisite donc certains titres piochés sur les quatre albums, offert ici dans des versions dépouillées et intimistes. On se souvient avoir passé une formidable soirée lors de leur passage parisien où le groupe partageait l’affiche avec Lambchop l’été dernier à la Cité de la musique. Une performance contre toute attente exaltante (on avoue, notre préférence sur le papier allait initialement au classieux orchestre de Kurt Wagner) qui nous a rappelé combien ce quintet pouvait être encore capable du meilleur sur scène. Chose qu’on avait un peu oublié ces derniers temps. Les classiques comme « The Funeral », « Detlef schrempf » et « No one’s Gonna Love You » sont redécouvert dans des versions au piano fébriles, arpèges délicats et section rythmique en sourdine. C’est dans ce contexte d’équilibre, en toute nudité, que la voix haut-perchée de Ben Bridwell n’est jamais aussi bouleversante – « Wicked Gil » plus crépusculaire que l’originale, donne la chair de poule. Même certains titres de la seconde période ont gagné au change, comme le finale « Neighbor » vocalisé à la Crosby/Stills/Nash & Young, ou encore le sympathique « Older » traditionnellement chanté par le claviériste Ryan Monroe. C’est d’ailleurs à se demander pourquoi seulement dix titres ont été retenus – la set list des concerts comprenait quatre titres de plus, et non des moindres, les mémorables « Is There a Ghost », « The general Specific », « Weed party », « St Augustine ». Reste à espérer que ce rebond salutaire se prolonge sur le projet solo de Ben Bridwell, Birdsmell, attendu pour cette année.