En congés de son duo noise arty Magik Markers, la guitariste bruitiste au visage angélique Elisa Ambrogio dévoile sa facette rêveuse pour son premier album signé de son propre nom.


En congés de son duo noise arty Magik Markers, la guitariste bruitiste au visage angélique Elisa Ambrogio dévoile sa facette rêveuse pour son premier album signé de son propre nom. Pour mettre en forme ses inspirations sentimentales d’ordre « immoraliste » (vraisemblablement inspirées du roman d’André Gide paru en 1902), la prolifique musicienne originaire du Connecticut s’est adjointe les services du multi-instrumentiste Californien Jason Qever, leader de Papercuts, fidèle homme de main de Devendra Banhart, particulièrement sollicité ces derniers temps : Dernier état de service en date de cet esthète du son folk spectorien à la Mamas and Papas, sa notable collaboration sur l’album solo de l’ex Galaxie 500/Luna, Dean Wareham. On retrouve d’ailleurs sur The Immoralist cette touche cotonneuse et nocturne bordée de reverb – ascendance Nico – même si les compositions d’Elisa Ambrogio ont tendance à se jeter éperdument vers d’étranges abymes dream pop. Car à quelques exceptions près, notamment le charmant single « Superstitious », l’Américaine préfère se laisser porter vers de douces contemplations cosmiques autour de compositions à deux accords. Les formats pop classiques sont volontiers transgressés en dépit donc d’un minutieux décorum. On parlera davantage d’introspections sonores guidé par la thématique de la confusion des sentiments amoureux. Ecartée donc la fureur électrique des Magic Markers, Elisa Ambrogio ne s’était pas montré aussi tranquille (du moins en apparence) depuis la folk précieuse de 200 Years, l’autre projet mené avec son amoureux, le génial shazam folk Ben Chasny (Six Organs of Admittance). Sa voix se veut souvent distante, quasi enfantine, comme si la belle murmurait ses chansons à elle-même. A peine sommes-nous réveillé à la fin de la berceuse « Far from Home » par un larsen strident, bref et unique excès de violence du disque. The Immoralist est donc davantage à considérer comme un joli disque contemplatif et introspectif, plutôt qu’un énième album de dream pop.