Démonstration de force du subtil garage rocker Mikal Cronin, qui semble s’épanouir pleinement dans un style résolument plus pop.


Mikal Cronin n’a pas une voix pour remporter « The Voice », ni ne se prétend guitariste hors pair (il est cependant un excellent multi-instrumentiste, celui–ci jouant de presque tous les instruments sur chacun de ses disques), et n’a pas un look suffisamment hipster pour nous donner l’irrépressible envie de l’accrocher en poster grandeur nature dans notre chambre. Soit. Un peu à l’image du titre de chacun de ses albums (Mikal Cronin, MCII, et désormais MCIII), le jeune homme joue la carte de la sobriété. Notre homme s’est distingué avec Ty Segall – notamment sur l’album Reverse Shark Attack, en toute bonne foi un de ses meilleurs, à écouter et ré écouter la chanson qui donne son titre à l’album -, puis ces Å“uvres parues en solo, un rock de qualité, sans trop de fioriture, comme pour ne pas couvrir son sens pointu de la composition. Un son assez éloigné du garage emplis de larsens qui couvraient l’album de ses débuts avec Segall. Bref, au-delà du fait qu’il soit adoubé par l’omni-Rocker de San Francisco, notre homme a déjà fait montre à chaque parution d’un talent bien supérieur à la modeste reconnaissance (néanmoins grandissante dans le milieu indé) dont il peut jouir au jour d’aujourd’hui.

Voilà certainement le dilemme qui s’est posé au moment de réaliser MCIII, à savoir une certaine tentation d’en faire plus pour passer au premier rang de la vague indé Californienne. Et de fait, l’album débute par un « Turn Around » pour le moins déboussolant : nuées de violons, envolées lyriques flirtant avec le rock progressif (voire les solos de guitares façon Rudolf Schenker), production des plus propres. Le petit chroniqueur sort la cassette du walkman, check et re-check : pas d’erreur sur la personne, c’est bien notre homme. Après tout, c’est bien lui qui a signé les orchestrations sur Manipulator pour son pote Ty. L’écoute est des plus agréables, et se poursuit avec un « Made My Mind up » et un « Feel Like » qui fera certainement office de tube, et confirme que son art d’accrocher l’auditeur n’a pas été étouffé par la multitude d’effets et l’extrême densité du son.

En clair, tout est bon fond dans la bouche naturellement, mais c’est aussi quand il dépouille quelque peu son propos qu’il est le plus touchant, à l’image de cette suite de six titres éclectiques qui composent la deuxième partie de l’album, au son plus brut, mais surtout, sur lesquelles notre homme ose se mettre à nue et parle de façon touchante de son quotidien, de ses doutes et renoue ainsi avec ce qui a fait son succès sur MCII. En clair, les fans indéfectibles du style Mikal Cronin des débuts et auditeurs plus aventureux devraient en être pour leur argent avec cette livraison en deux parties dont la qualité d’écriture n’a d’égale que la diversité de styles qu’il propose.