Les néo-zélandais de The Bats s’approchent pour la neuvième fois au plus près de notre cœur.


Que de plaisir à chaque annonce d’un nouvel album des Bats. Jamais on ne se lasse. Car cette formation attachante attire la sympathie et finalement représente un idéal. Evoluant dans la catégorie reine (pop rock) la bande à Robert Scott travaille pour le bien de la communauté – les fervents de la mélodie pop spontanée et cadencée. Avant même d’avoir écouté un nouvel album des Bats on sait à quoi il ressemblera, mais peu importe, toujours on succombera. Humilité, fluidité, rythme entrainant, mélodies gorgées de guitares, les Bats sont aujourd’hui un des groupes phare de la scène néo-zélandaise et du label Flying Nun. Label merveilleux qui a su donner une voix à tant de musiciens atypiques et inspirés. La combinaison de l’influence lointaine de la culture occidentale et des traditions indigènes Maori a produit une spécificité à nulle autre part équivalente ; ce label l’a entretenue et préservée durant deux décennies royales (80-90). Les Bats en toute simplicité ont contribué à son histoire.

En 1982 deux formations références du label – The Clean et Toy Love – se séparent. Robert Scott, Paul Kean et Jane Walker atterrissent à Christchurch pour former Thanks To Llamas. Le groupe mort-né, Kaye Woodward remplace Walker à la batterie. Rebaptisé The Percy Taiwan Woodward abandonne les percussions au profit de la guitare. L’ex Builder Malcom Grant s’installe alors aux futs. Ils adoptent pour toujours le patronyme de The Bats. Leur histoire – pas si mouvementée que cela – sera par contre riche en collaborations croisées au sein du label (Electric Blood (pré Bats), The Weeds, The Magick Heads, The Clean). Le premier Ep (By Night) et sa pop naïve précède leur premier 33 tours (Daddy’s Highway) début 87. D’emblée, ils réussissent à convaincre (REM à chaque début de leur concert joue leur album, l’urgent « North by North » est Single of The Week chez l’influent NME). Malgré sa production low fi  le potentiel est là, les morceaux sont extraordinaires de fraîcheur et d’intensité. Ce folk-rock rural est secoué par des guitares énergiques, la rythmique est virevoltante, voire dansante. La voix de Scott légèrement éteinte, un poil nasillard est un contrepoint parfait aux guitares dominantes et chatoyantes. Cette même impression se dégage à l’écoute des Clean, Feelies ou Teenage Fan Club. On apprécie aussi ce mélange de douce mélancolie mêlé au flot des guitares tournoyantes qui s’éternise pour notre plus grand plaisir. Un alliage musical à combustion lente, à intensité constante et sans retour de flamme.

Cinq années séparent  le tout bon tout frais et neuvième du nom The Deep Set, du précédent Free All the Monsters. Le line-up est toujours d’origine (record pour une formation néo-zélandaise). Enregistré au studio insubmersible The Sitting Room (par deux fois endommagé par un tremblement de terre ! ) sous la houlette de Ben Edwards, à Lyttelton bourgade portuaire proche de Christchurch.

Les Bats ont remis le bleu de chauffe. Le processus est immuable. Sur « Rooftops » on s’élève d’entrée de jeu sur la canopée. La mélodie est pure. Le jeu de guitare de Kaye Woodward riche et magnifique exhale une discrète mélancolie accentuée par la voix désenchantée de Scott.

Robert Scott et sa bande persévèrent dans ce qu’ils font de mieux. The Deep Set ne sera pas une révolution en profondeur. Et c’est tant mieux ! « Looking for Sunshine » instantanément assimilé par nos esgourdes brille de mille couleurs. Sa cadence parfaite – ni trop rapide ni trop lente – respire une belle journée en devenir. Scott et Woodward à la guitare font des merveilles. Ces deux premiers titres sont aussi traversés par les chœurs discrets de Woodward. « Rock and Pillars » durcit sensiblement le ton. Les accords de guitares sont plus expansifs, la voix de Robert Scott est par intermittence plus rugueuse ; ils squattent allègrement ce morceau qui s’éteint sur un chœur angélique.

« Walking Man » est un titre des Clean mais sans les frères Kilgour – resté à la maison. Le riff de guitare subtil, magnifique et plein de vivacité pointe un optimisme à toute épreuve. « Running Man » aurait pu être son titre.

« No Trace » le second single extrait, enfonce le clou. Enregistré chez Scott à Roseneath, près de Port Chalmers (port principal de Dunedin), il est considéré par Scott comme une chanson d’amour. Des paroles humanistes, un duo (Robert Scott/ Kaye Woodward) voix – guitares hyper convaincant, et une mélodie qui filoche. ‘Antlers’ le rutilant premier single lui rayonne. S’y concentre tout le savoir-faire des musiciens Kiwi. Un parfait condensé de pop song. Pour l’anecdote ce titre fut  écrit dans la micro communauté de Makarora (dans le district de Queenstown – Lakes situé dans la région d’Otago au sud de la Nouvelle-Zélande), là où la chasse aux cerfs y est très développée. Robert Scott s’est assis dans une cabane où était accroché au mur de nombreux bois de cerfs (« Antlers »). Il a laissé venir à lui les paroles … et les chasseurs. Deux morceaux élégants au tempo feutré se glissent et se lovent dans ce disque finalement varié.  « Steeley Gaze » freine mais résiste, et se donne encore quelques libertés, quand le splendide et nocturne « Shut Your Eye » éteint les lumières.

Terre de feu, de glace et de contraste, la Nouvelle Zélande peut aussi produire de la douceur. The Bats revendique ce créneau. Leur musique est un merveilleux voyage sonore mais dans les vertes plaines kiwi.

Les plus endurants, les plus motivés et les plus doués de l’écurie Flying Nun ont résistés aux outrages du temps. Le trio magique -The Chills, The Clean et The Bats – en sont. Ils nous avaient déjà tous enthousiasmé à l’orée des années 80. Ils poursuivent allègrement aujourd’hui.

Flying Nun Records – 2017

http://www.thebats.co.nz/

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Tracklist :

  1.  Rooftops
  2. Looking For Sunshine
  3. Rock & Pillars
  4. Walking Man
  5. No Trace
  6. Diamonds
  7. Antlers
  8. Busy
  9. Steeley Gaze
  10. Durkestan
  11. Shut Your Eyes
  12. Not So Good