Pour son septième album couronnant leur 20 ans de carrière, l’orfèvre  pop Carl Newman et sa super bande ne débandent pas.


Ne jamais se fier à sa première impression après l’écoute d’un nouvel album de The New Pornographers. Toujours laisser reposer la galette, au risque de passer à côté de l’essentiel. C’est devenu notre principe, depuis que nous avons découvert cette formidable formation power pop canadienne du temps de leur second album, Electric Version (2003), disque long en bouche qui ne révélait ses charmes seulement après trois ou quatre écoutes. Mais qu’est-ce qu’on ne regrette pas d’avoir persévéré !

Et le temps a fait le reste pour ce groupe devenu indispensable pour tout amateur de pop songs, tant vigoureuses qu’ultra soignées, doté aujourd’hui d’une discographie sans lacunes : 20 ans de carrière, sept albums, la plupart superbes. Sans compter les fameuses carrières solo de cette dream team, avec son leader A.C. Newman, Dan “Detroyer” Bejar et Neko Case. Ce septième opus donc de la super bande emmenée par Carl “A.C” Newman, n’y fait pas exception. Ce même en dépit de la prédominance de “synthés” amorcée depuis leur précédent opus, Brill Bruisers (2014), qui à l’époque, nous avait un peu refroidi à la première écoute. Bien évidemment, ce n’était que la première écoute.

Sans atteindre l’état de grâce de Twin Cinema (2005) ou Together (2010),  Whiteout Conditions possède indéniablement ses moments de bravoure. Le disque se tient même mieux dans l’ensemble que Brill Bruisers, grâce à des  claviers atmosphériques mieux fondus dans les compositions, tendant vers une forme d’état d’incandescence émotionnelle. C’est aussi le premier album sans la moindre chanson signée par le compatriote Dan Bejar, officiellement excusé pour cause d’enregistrement du prochain album de Destroyer (activité qui ne semblait pourtant pas le perturber auparavant, mais passons…). Ce déficit sur le plan de la variété d’écritures se ressent un peu (Bejar signait deux ou trois morceaux en moyenne). Mais Carl Newman demeure une plume suffisamment talentueuse pour combler ce manque par ses seuls moyens, contrebalançant la singularité de Bejar par une certaine forme d’efficacité. D’autant qu’il a mis sa carrière solo temporairement de côté pour se consacrer pleinement à son groupe fétiche.

On se laisse donc toujours entraîner avec autant de plaisir par cette urgence qui contamine chaque morceau, avec ces tempos enlevés, fantastiques fusées propulsant sans temps mort des harmonies vocales incomparables : la voix de Carl Newman, au cachet juvénile voire naïf, inaltéré comme au premier jour, et celle toujours si magnifique de Neko Case (la plus belle de sa génération dans le rayon alternatif country). L’enchaînement “Play Money”, “White out Condition”, “High Ticket Attractions” et le formidable moment de bravoure “This Is the World of the Theater », justifient à eux seul l’acquisition de ce disque. Même si après un tel carré, la suite s’essouffle un peu, les New Pornographers restent largement au-dessus de la mêlée – les congas ludiques sur « Coloseums », l’épique Darling Shade, très Electric Light Orchestra, ou “Second Sleep”, avec ces parties de claviers chromés façon Cars, influence de plus en plus présente. Ces 41 minutes attestent en leur faveur d’une vigueur pop inaltérée.

Labels Dine Alone – 2017

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Tracklisting :

  1. « Play Money »
  2. « Whiteout Conditions »
  3. « High Ticket Attractions »
  4. « This Is the World of the Theater »
  5. « Darling Shade »
  6. « Second Sleep »
  7. « Colosseums »
  8. « We’ve Been Here Before »
  9. « Juke »
  10. « Clockwise »
    11. « Avalanche Alley »