Quand on sait que le songwriter auvergnat Olivier Perez est à l’origine batteur, forcément, la première référence qui nous vient à l’esprit est Robert Wyatt.


Quand on sait que le songwriter auvergnat Olivier Perez est à l’origine batteur, forcément, la première référence qui nous vient à l’esprit est Robert Wyatt. Car chez Garciaphone, à l’instar du vieux sage de l’école de Canterbury, on privilégie aussi la bradycardie mélodique, soit un ralentissement propice à une pop contemplative et aux songes silencieux. Une différence notable cependant, lorsque l’auteur de Rock Bottom aime perdre ses petites mélodies dans les dédales du jazz, la sensibilité du multi-intrumentiste clermontois tend quant à elle vers la folk/rock alternative haut standing des années 90, Grandaddy, Sparklehorse, Swell… Ces influences étaient prégnantes sur son EP paru en 2012 chez Kütu Folk, puis sur un premier long format très réussi, Constancia (2013) sorti chez Talitres. Quatre ans plus tard, Garciaphone publie son second album sur le vénérable label indépendant parisien Microcultures, et son titre Dreameater (traduire littéralement “mangeurderêve”) ne peut être plus clair sur ses intentions. Le trio s’est mué en quatuor avec l’intégration du claviériste Zacharie Boissau (Zak Laughed) aux côtés du guitariste Matthieu Lopez (Matt Low) et Clément Chevrier (The Delano Orchestra). Si le personnel a augmenté, la musique de Garciaphone tend à contrario vers plus de légèreté, cotonneuse : batterie docile et minimaliste, arpèges de guitare sèche se greffant harmonieusement à ses mesures étirées, parties de piano et claviers à l’élégance mélodique discrète, et bien sûr, la voix tout en sourdine d’Olivier Perez dont les textes néanmoins tranchent par leur penchant obscur. Tous ces éléments se mettent en place comme par magie, dès « Don’t Let It Die Like This » et se déclinent variablement selon des progressions mélodies toujours inspirées et addictives… Tel le grâcieux d’ »Every Song Of Sorrow Is New », une des meilleures pop song entendue cette année, dont le motif au piano nous trotte dans la tête dès la première écoute ; « A Hole in the « Universe », petit trésor d’épure à la mélodie sensible, en lévitation, avec son atterrissage étrangement tordue ; ou encore « Mourning of the day », perle indie folk que n’aurait pas renié le binôme David Freel et Sean Kirpatrick.  Sur son album le plus abouti à ce jour, Garciaphone perpétue avec panache une certaine idée de la pop en flottement, sensible et noble. Dreameater atteint l’élégie des premiers albums de Radar Bros, cette aisance naturelle à nous faire grimper lentement mais sûrement jusqu’aux cieux.

Microcultures / Differ-Ant – 2017

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Tracklisting :

  1. Don’t Let It Die Like This
  2. Oh Sleepless World
  3. Heirmet
  4. I’ll Be A Riddle
  5. Mourning Of The Day
  6. Deadstar
  7. Every Song Of Sorrow Is New
  8. A Hole In The Universe
  9. Our Time To Spare
  10. Dusk